Ce lundi 26 juin, Sophie Lavaud est devenue la première alpiniste française tous genres confondus à réussir les quatorze sommets de plus de 8000 mètres : elle a gravi le Nanga Parbat 8127 mètres. Accompagnée de plusieurs sherpas, elle est parvenue au sommet du géant pakistanais avec François Damilano et Ulysse Lefebvre, d’Alpine Mag, venus filmer l’expédition. La rédaction les félicite chaleureusement !
C‘est une trace GPS qui confirme les posts sur les réseaux sociaux. Celle d’Ulysse Lefebvre, co-rédacteur en chef d’Alpine Mag, qui ce matin du 26 juin a atteint le sommet du Nanga Parbat 8127 mètres, avec le groupe constitué de Sophie Lavaud, Dawa Sangay, François Damilano et d’autres sherpas de Seven Summits Treks. Les premiers summiters de la saison sont vingt : un peu plus de la moitié de sherpas, et une petite moitié de clients. Parmi eux : Sophie Lavaud, qui devient la première Française, tous genres confondus, à gravir les quatorze 8000. Une quête entamée il y a onze ans !
« C’est un long chemin. Ce n’est pas un beau matin, tu te réveilles et tu te lances comme ça dans l’aventure des 14 8000. C’est une grande progression, avec un déclic en 2004, au mont Blanc. Puis des 5000, des 6000 en Amérique du Sud… et enfin, le Shishapangma en 2012. » nous racontait Sophie Lavaud en 2021. Un Shishapangma dont elle n’avait pas atteint, alors, le sommet principal : c’est pourquoi ce printemps elle s’est rendue au Tibet en Chine pour le gravir, en compagnie de la sprinteuse Kristin Harila. La Norvégienne fait d’ailleurs partie du groupe de summiters qui a atteint le Nanga Parbat ce 26 juin : elle a donc déjà coché dix des quatorze 8000 en une seule saison.
Garmin ©Ulysse Lefebvre
Le CB du Nanga Parbat ©Seven Summit Treks
Comme l’explique Ulysse Lefebvre, parti filmer Sophie Lavaud dans le cadre d’un projet imaginé par François Damilano, les prétendants aux 8000 se divisent presque en deux catégories : les « anciens » comme Sophie qui patiemment, année après année ont coché les sommets un par un. Et les « nouveaux » summiters, pressés, qui veulent réaliser le grand chelem le plus vite possible. Alors oui, Sophie Lavaud aura mis onze années pour boucler ce défi qu’aucun Français n’avait réalisé jusque là.
On pourrait presque dire que les quatorze 8000 étaient maudits pour les Français : en témoigne les disparitions de Benoît Chamoux en 1995, mort au Kangchenjunga sur ce qui à l’époque était considéré comme son dernier 8000, ou encore Jean Christophe Lafaille, mort au Makalu à l’hiver 2006, lors de la tentative sur son avant-dernier 8000.
Sophie Lavaud a mis fin à la malédiction française des quatorze 8000
Sophie Lavaud met donc fin à cette impossible mission en complétant les quatorze 8000 : pour 14 sommets, il lui aura fallu 22 expéditions, preuve s’il en est de son incroyable ténacité. Sur cette liste, elle a accompli plusieurs ascensions sans oxygène, dont le Broad Peak et le Gasherbrum II.
Avec humilité et honnêteté elle n’a jamais caché l’emploi de l’oxygène sur la majorité des sommets où elle l’utilise. Sophie Lavaud a joué franc jeu, et modération : elle prend de l’ox pour l’ascension depuis le dernier camp atteint, par exemple. » Dès l’instant où tu dis la vérité sur la façon dont tu grimpes, ça se passe bien. Je n’ai jamais rien caché : l’utilisation d’oxygène dans ma logistique, le G2 et le Broad Peak sans ox … Je ne revendique pas de record, je le fais juste pour moi. » nous explique-t-elle.
L’année dernière elle parvenait enfin au sommet du Dhaulagiri, après une première tentative avortée la saison précédente par le Covid. Ce printemps, elle se voyait obligée de retourner au Shishapangma pour en atteindre la véritable cime, oubliée en 2012. Une expédition soumise au bon vouloir du pouvoir chinois, et un sommet partagé avec Kristin Harila. Il ne manquait plus que le Nanga Parbat pour compléter sa collection : c’est chose faite.
Et c’est une double bonne nouvelle pour la rédaction d’Alpine Mag : Ulysse Lefebvre, summiter ce jour avec François Damilano, nous racontera sous peu et en détail cette ascension !
