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Test Piolet Cascade Simond Mamba

Il faut reconnaître à certaines marques la volonté de concevoir, produire, des produits qui ne feront pas (forcément) une grande part chiffre d’affaires, mais qui sont ô combien importants pour les alpinistes. Les piolets de cascade rentrent dans cette catégorie. Parmi les piolets, ceux dédiés à la cascade de glace et au mixte sont des éléments cruciaux pour qui veut titiller des glaçons, mais aussi grimper des faces nord ou des itinéraires mixtes raides.

Bien sûr, nombre d’itinéraires ont été gravis avec des piolets à manche courbé, voire à manche droit. Mais le surcroît de tenue, la facilité du planté, le fait de bien mieux délayer et de grimper sans dragonnes ont fait des piolets à poignée déportée des outils indispensables : qui aurait l’idée de faire de l’alpinisme avec un crampon dix pointes ?

C’est pourquoi bien des années après le Coyote, vénérable machine à manche désaxé (ou poignée déportée, vous l’aurez compris), la marque chamoniarde Simond a dessiné un nouveau piolet de cascade, le Mamba. Nous nous sommes penchés sur le berceau de ce nouveau piolet. Est-il suffisamment armé pour contrer les deux, ou trois piolets super efficaces du marché ? Réponses ci-dessous.

Prise en main

Le Mamba est un piolet à manche désaxé, ou plutôt à poignée déportée, ergonomique. La tête du piolet est compacte, puisque la lame est prise en sandwich dans le manche, deux vis tiennent la lame, qui est démontable sans outil spécifique avec l’autre lame (oui, ces piolets s’achètent par deux !). La lame en question a été travaillée pour de la glace et du mixte, elle n’est pas trop épaisse. Le manche est d’une section standart, ni trop grosse ni trop fine. Le tiers inférieur est couvert de grip pour une meilleure préhension, et pour le confort / la chaleur. La poignée ergonomique a été étudiée, dit-on chez Simond, pour convenir aux petites mains comme aux grandes. L’appui sur l’ergot est super confortable.

Enfin, le Mamba est dotée d’une pique : pas trop prononcée pour éviter les accidents (si le piolet gicle), elle est clippable, et permet surtout un appui canne (dirait Armand Charlet) pour s’équilibrer quand on sort d’un M8/5+ (ou dans du 4, ce qui est très bien). Avec 545 grammes sur la balance, ce Mamba se classe parmi les légers de la catégorie (40 g. de moins que le Petzl Nomic, 50g de moins que le Cassin X-Dream). C’est un très bon point, qui dépend toutefois de l’équilibre du piolet, de la qualité de la frappe, ce qu’on va voir ici. 

En cascade

La réussite d’un piolet cascade tient à plusieurs choses. Mais l’une des principales est l’équilibre du piolet : celui doit bien tenir en main, avec un « surpoids » en tête pour que l’ancrage se fasse le mieux possible. Cette qualité de « planté de piolet » tient à l’équilibre des masses et à la géométrie. Sur les piolets de cascade « modernes », de deux choses l’une : soit la poignée désaxée garde plus ou moins l’angle médian du manche dudit piolet ; c’est le cas d’un Nomic. Soit la poignée a un angle plus grand (par rapport à la verticale) et plus prononcé que le tiers médian du manche ; c’est le cas des piolets typés dry-tooling. Grosso modo, plus la poignée a de l’angle, plus le piolet est facile à tenir dans le dévers, et plus délicat est le planté dans de la glace verticale, a fortiori à 75°.

Résumons : Simond a fait le choix, pour le Mamba, de l’équilibre entre une pratique orientée « haut-niveau » (avec des guillemets) et une adaptation nécessaire pour qu’il soit efficace dans du grade 3 ou du grade 4. La poignée a donc un angle légèrement supérieur à l’angle du tiers médian du manche. Mais pas trop.

Le résultat ? C’est un piolet de cascade qu’on peut emmener en montagne. Bien équilibré, l’ensemble permet une frappe naturelle, un planté de piolet « facile » : la justesse de ce choix font du Mamba une réussite. D’autant que contrairement à certains de ses prédécesseurs comme le Coyote (typé Dry), la lame du Mamba nous a paru bien née. Comme d’habitude, un affûtage personnalisé permettra d’affiner un peu les premières dents et de les rendre encore plus efficaces dans la glace.

Bien équilibré, l’ensemble permet une frappe naturelle, un planté de piolet « facile » : la justesse de ce choix font du Mamba une réussite.

Le marteau qui équipe nos piolets de test semble minimaliste, sans s’en être servi on peut lui reconnaître le mérite d’exister et d’éviter de massacrer le manche quand on plante deux pitons dans la saison. Le marteau peut être enlevé, et on peut se servir du piolet ainsi. Passons à la poignée ergonomique. La matière qui la recouvre est super confortable, et amortit les chocs.

Le seul regret, et ce sera le seul vrai bémol que nous mettrons à ce Mamba concerne pourtant cette poignée : elle n’est pas réglable et c’est dommage. Sans doute pour des raisons de facilité de fabrication (et de sûreté ?), mais c’est dommage car en l’état, le piolet à notre avis ne convient qu’aux grandes mains. Si comme nous il vous arrive de vous servir de l’ergot supérieur pour faire tourner le piolet autour de l’index, c’est encore plus flagrant.

Marion Salmon-Thomas avec le Mamba. ©UL

Bilan

Ce Simond Mamba est bien né. Équilibre, frappe, tout y est, avec en plus un poids léger-mais-pas-trop pour la catégorie, qui font de ce piolet une arme de polyvalence qui sera aussi à l’aise en cascade, en dry ou dans les goulottes mixtes. Avec un prix encore sous la barre des 200 €, ce Mamba est bien placé, et pour de bonnes raisons. Gageons que Simond proposera à l’avenir des poignées réglables sur la V2 du Mamba : un super piolet, bien équilibré, à la frappe précise et agréable comme le Mamba le mérite.

Caractéristiques techniques

POIDS :545 g  PRIX PUBLIC : 190 €