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La meilleure façon de marcher…

©Ulysse Lefebvre

La meilleure façon d’marcher, c’est encore la nôtre, c’est de mettre un pied d’vant l’autre et d’recommencer, etc. Je vous passe la suite sans grand intérêt, si ce n’est peut-être à l’heure de motiver un peu les mouflets dans une grande piste en faux-plat montant parmi les sapins. Certes, la référence n’est pas des plus prestigieuses mais l’essentiel est là. Du moins pour ce qui est de la méthode. Ceci étant-dit, s’il se trouve un chercheur en sciences du sport ou en sciences sociales qui a dressé une définition plus synthétique et mieux vulgariser de la marche à pied, qu’il se manifeste et au pas de course. Vous en conviendrez, ce célèbre refrain résume à lui seul la simplicité de la marche à pied au point de nous en laisser deviner les vertus : épure, sobriété, lenteur (relative). Il se trouve que la marche à pied est l’un des principaux vecteurs de déplacement en montagne, dès lors que s’arrête la voie carrossable. De la simple ballade au trek itinérant en passant par la randonnée et la marche d’approche. Bergers et guides, chacun à leur manière en sont de fidèles ambassadeurs. Mettre un pied devant l’autre donc et recommencer. Simple.

traileurs – littéralement coureurs de chemins
ou « chemineux » 
mais ça sonne moins bien

La marche à pied et son maître étalon – le pas – nous replacent dans la dimension de la montagne ; moyenne, haute ou très haute. Induisant de fait une relation équitable entre l’homme et le milieu. C’est le réel, l’acceptation du temps long, le pas à pas. Plus ou moins rapide, plus ou moins aisé mais toujours un pied d’vant l’autre et recommencer. Pendant des heures, des jours, c’est selon. C’est vivre au plus près le terrain.

Pour sauter le pas, bon nombre se sont mis à courir les sentiers de montagne ces 20 dernières années, massivement : Les trail runners, en franglais traileurs – littéralement coureurs de chemins ou « chemineux » – mais ça sonne moins bien. Rien à leur reprocher dans l’absolu, si ce n’est de manquer l’occasion parfois de regarder un peu plus loin que le bout de leurs pieds. Pour le reste que de sensations à se sentir pousser des ailes en courant les sentiers.

Quand on a marché deux heures dans une montagne,
on est plus intelligent
 

Revenons à nos moutons. Nulle idée ici de mettre tout le monde au pas. Simplement, marcher en conscience et apprécier de le faire, est un acte relativement accessible permettant de se reconnecter à de la réalité, réelle pas virtuelle. « Quand on a marché deux heures dans une montagne, on est plus intelligent » selon la réalisatrice Coline Serreau. À pied, les jambes travaillent pour nourrir l’esprit et l’esprit dès lors, vagabonde. Bon pour le corps, sain pour l’esprit. Aucune contre-indication médicale. L’écrivain Sylvain Tesson ne le contredirait pas, lui qui a traversé la France à pied par monts et par vaux en guise de convalescence. De la marche, il dit qu’elle est « une critique en mouvement… ».
Et que dire de ces marcheurs qui sont arrivés aux sommets de l’État ces dernières années ? À une allure soutenue certes, plutôt façon coureurs de sentiers, « chemineux ». À ne pas confondre avec les cheminots, surtout en ce moment, bien qu’ils marchent beaucoup eux aussi dans les cortèges. Puissent-ils – les marcheurs de la République – se reconnecter un peu avec des fondamentaux que l’on trouve encore là-haut. Une retraite de quelques jours en montagne, à marcher au sens propre, leur serait peut-être bénéfique, avant que tout cela ne déraille…
Vive la marche, vive la montagne, vive la République ! Dans l’ordre qui vous plaira.