De la cascade de glace avec vos enfants ? Oui c’est possible. Et ça peut-même être intéressant pour les petits et pour les grands. On a demandé à Seb Constant, guide et auteur des livres pédagogiques Mountain Essentials, de nous donner quelques conseils pour partager de bons moments avec des mômes. Chiche ?
Vous aimez et pratiquez la montagne. En hiver, vous vous absentez pour aller jouer sur les glaçons en cascade de glace ou pour faire du ski. Vos enfants ont probablement essayé de mettre leurs pieds dans vos chaussures de géant(e). Vos enfants vous posent parfois des questions sur votre matériel de montagne ; du genre : « ça sert à quoi ? Et pourquoi c’est pointu ? Moi aussi je veux en faire ! Et je peux les essayer les crampons ? » Il est possible de leur transmettre de manière ludique votre passion pour ce support gelé et plus généralement pour la montagne. Comment s’y prendre ?
Débuter dans une moulinette en 4 (cotation glace) de 30 m, à l’ombre et par -15°C, peut s’avérer contre-productif. La démarche que je vous propose ici, permet d’apprendre en s’amusant, à travers des jeux, des petits ateliers ludiques. Cette démarche trouve son inspiration dans ma collection de livres pédagogiques Mountain Essentials, mais adaptée aux plus jeunes. Cela offre la possibilité aux enfants de progresser à leur rythme. En prenant le temps de vous assurer à chaque phase que cela correspond à leurs capacités, les enfants assimileront plus sereinement, sans même se rendre compte qu’ils ont appris.
Démarrer avec des enfants par une moulinette de 30 m. par -15°C peut s’avérer contre-productif.
À partir de quel âge peut-on s’immerger dans l’univers gelé ?
Si vos enfants sont moteurs et manifestent l’envie de faire comme les grands, à partir de 5/6 ans. Bien que la plupart des enfants aiment les glaces, voici quelques pistes possibles pour leur faire goûter à cette autre saveur glacée. Bien évidemment c’est d’autant plus facile que vos enfants pratiquent l’escalade (bloc, falaise…) et que vous avez à disposition du matériel pour les équiper (piolets, casque, baudrier, gants de ski de fond…). Pratiquer avec des enfants remet au cœur de l’activité la notion de plaisir et de partage que l’on peut retrouver dans le ruisseling, activité qui consiste à remonter ou descente un torrent de faible inclinaison et qui est tout ou partiellement gelé.Les enfants prennent d’autant plus de plaisir à un jeu/initiation qu’ils ne sont pas seuls mais avec des copains. © Seb Constant
La taille des enfants est souvent un frein pour trouver du matériel adapté à leur gabarit. Avec un peu d’imagination et de sens pratique, il y a moyen d’adapter les crampons jusqu’au 29 ! À titre personnel, j’utilise l’association chaussures Sorel/crampons à lanières. Les Sorel sont des bottes d’hiver à tout faire. Elles sont chaudes, confortables et suffisamment souples pour garantir de bonnes sensations de marche et de grimpe. Ces bottes s’adaptent bien sur des crampons de randonnées glaciaires à lanière (type Irvis, Petzl) ou encore sur des crampons mono-pointes à lanière. A défaut, il est possible d’utiliser des chaussures de ski alpin. Lorsqu’elles dépassaient trop, j’ai raccourci à l’aide d’une meule les barrettes de liaison entre les parties avant et arrière des crampons. Ces barrettes fonctionnent encore pour ma taille de pied. Si votre pied ne supporte pas une barrette trop raccourcie, sachez que les barrettes sont des pièces de rechange que l’on trouve facilement en magasin. Evitez les crampons trop affûtés pour limiter les risques de blessure et de déchirure de vêtement. Au besoin émoussez-les sur une pierre (sujet déjà évoqué dans Mountain Essentials – Marcher sur un Glacier, 2011).
À titre personnel, j’utilise l’association Sorel/crampons à lanières.
En ce qui concerne les piolets, mes enfants (6 et 10 ans) s’en sortent avec des piolets de cascade adulte où il est facile de placer la main en position médiane. Les nouveaux piolets légers de ski-alpinisme sont tout aussi faciles à prendre en main pour les tout-petits (type Gully avec gâchette, Petzl). Un piolet par enfant est suffisant pour s’amuser ou pour une sortie en ruisseling. Lors d’une séance d’initiation en moulinette, il est facile de se prêter les piolets, voire possible de faire tourner la paire de crampon modifiée. Si vous n’avez pas tout le matériel chez vous, peut être avez-vous dans votre entourage, dans votre club, la possibilité d’emprunter du matériel. Certains magasins à l’écoute des familles ont déjà quelques paires de crampons raccourcies à louer aux enfants et de petits piolets adaptés. N’hésitez pas à leur poser la question.
S’approprier le support au travers d’ateliers ludiques
Pour faire ses premières armes et apprendre à marcher avec les crampons, le plat me paraît un bon point départ lorsque c’est possible. Le support pouvant être de la neige dure, de la glace, mais aussi de l’herbe si vous habitez loin des montagnes et des zones gelées. Marcher, grimper dans l’herbe ou un talus cela peut apparaître incongrue, décalé… mais souvenez-vous de vos sorties montagne. Il peut arriver de marcher avec les crampons sur des supports peu académiques (éboulis, portion rocheuse, terre gelé…). Voici quelques supports que vous pouvez valoriser :- Neige, butte de neige,
- Les parois extérieures d’un igloo que vous avez construit (assurez-vous qu’il soit solide),
- Herbe, talus
- Plan d’eau gelé,
- Un vieux panneau de contre-plaqué que vous pouvez incliner dans l’herbe…
- Au bord d’un plan d’eau bien gelé,
- Un petit ruisseau bien gelé
- Vos propres blocs de glace réalisés en remplissant divers récipients d’eau (le mieux étant de grands seaux d’eau). Ils seront ensuite placés dans un congélateur ou dehors si le froid est assez marqué.
- taille de glace et sculptures…
- écriture de lettres en grattant la surface de la glace,
- vissage de broche,
- jeu de la carotte (visser une broche à glace en veillant à ne pas casser la carotte de glace pilée qui ressort du tube),
- réalisation de lunule dans un petit bloc de glace pour y faire passer des serpentins de ficelle…
S’initier en moulinette pour rassurer
Une fois ces premières étapes franchies, le challenge suivant consiste à grimper dans une cascade d’initiation, courte (5 à 15 m) et abordable et non exposée. Vous trouverez dans les Alpes des sites adaptés et notamment des cascades artificielles. Dans les Hautes-Alpes :- Cascade artificielle d’Aiguilles (dans le Queyras). Tous niveaux du 3 au 5+ en glace
- Cascade artificielle de Pelvoux (au pont du tunnel des Claux), du 3 au 4+ en glace
- Cascade artificielle de l’Argentière-la-Bessée (en face la centrale électrique, rive droite du vallon du Fournel dans la plaine, GPS = 44.782305 , 6.546789), du 3 au 4 en glace
- Cascade artificielle du Rif d’Oriol (dans les rampes de l’Argentière, dans le sens de la montée, parking conseillé en contrebas de la RN au lieu-dit de la Bessée-Haute, juste après la sortie de l’Argentière – c’est le secteur du bas du site d’escalade estival, GPS = 44.802636 , 6.567776), 3+ à 5 en glace.
S’initier en tête avec broches en place
Le projet de grimper en tête peut être une pente à 35° ou un 3 en glace. L’esprit reste le même :- prendre du plaisir et des sensations,
- éviter de se faire peur,
- avoir la possibilité de s’arrêter à tout moment sur une broche,
- avoir la possibilité de redescendre à tout moment dans la voie.