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Belledonne : 5 randonnées alpines, sommets à la clé

Objectif traversée du Grand Pic 1/3

Grand Pic de Belledonne et lac Blanc ©Manu Rivaud

Montagnards du Dauphiné ou d’ailleurs, vous rêvez en ce début d’été de traverser le Grand Pic de Belledonne (2 977 m), mais doutez de vos capacités ? Gravir quelques hauts sommets périphériques, via leurs arêtes ou versants sauvages, peut être la première étape d’une préparation adéquate. Du Pic Couttet au Puy Gris, voici une sélection d’itinéraires afin de s’acclimater et de s’habituer au terrain à chamois du massif, inévitable lorsque l’on y pratique l’alpinisme. Avec le Grand Pic de Belledonne comme objectif !

Jeunes ou plus anciens, les alpinistes amateurs qui jouissent régulièrement de l’activité tout au long de l’année sont rares. Il en résulte à chaque début de saison estivale quantité d’ajustements à régler avant de réaliser une belle traversée d’arêtes, une grande escalade classique, un 4000 ou pour les plus ambitieux, une grande course.

Libre à chacun de s’ajuster ou non, de souffrir ou non en haute montagne, mais trois semaines passées sans s’élever plusieurs fois au-dessus de 2000 mètres suffisent pour devoir se réacclimater à l’altitude, afin d’éviter le coup de barre le jour J. Comme un printemps passé sur les skis, sans marcher en terrain scabreux ou sans grimper, suffit à ruiner l’aisance appréciable dans les terrains à chamois d’approche ou de descente des itinéraires, dans ces longueurs en IV à protéger là-haut, chargé d’un sac et en grosses…

Grand Pic, Pic central et Pic de la Croix (de Belledonne), depuis le sommet du Pic Couttet ©Manu Rivaud

une course aussi incontournable
que la traversée de la Meije dans les Écrins

Dans Belledonne, la traversée intégrale Grand Pic (2 977 m) – Pic central (2 945 m) – Pic de la Croix (ou Croix de Belledonne, 2 926 m), ou celle des 3 plus hauts sommets du massif (à 2 mètres près pour la Croix) est une course à savourer plutôt qu’à subir. Donnée de 3h30 à 4h pour une cordée « au niveau », du début des difficultés au col de la Balmette (2665 m) au sommet de la Croix de Belledonne où l’on tombera corde et baudrier, la course est aussi incontournable ici qu’une traversée de la Meije l’est dans les Écrins (toutes proportions gardées).

Plusieurs longueurs de IV seront à gravir, des rappels à tirer. Il faudra trouver l’itinéraire, placer quelques sangles et coinceurs, monter, descendre, remonter dans un terrain parfois délicat, le tout au-dessus de 2500 mètres. Depuis le refuge (de la Pra à 2 105 m, ou Jean Collet à 1 950 m) ou du bivouac au Lac Blanc à 2 170 m, cumuler aussi plus de 1000 mètres de dénivelé, et de 6 à 8 heures d’efforts avant d’éventuellement descendre, près de deux heures encore, retrouver un véhicule et la vallée.

Commencer par s’acclimater, se réhabituer à marcher toute une journée en montagne, et retrouver le pied sûr sans l’assurance d’une corde dans des terrains à chamois typiques de Belledonne est une première étape pédagogique, voire ludique, d’une préparation à la traversée des Trois Pics. Et cela tombe bien, car dans leurs environs ou plus loin, de beaux sommets à plus de 2700 mètres réalisables en 7 à 9 heures de marche aller et retour ne manquent pas. Via des arêtes sommitales ou l’on va monter, descendre, traverser dans les deux sens ce terrain à chamois inévitable lorsque l’on pratique l’alpinisme, on trouvera (ou retrouvera) le pied sûr. Et on s’acclimatera en prime. Sélection de sommets propices, et propositions d’itinéraires.

Les lacs du Domènon au petit matin avec, au fond à gauche, le Pic du Grand Domènon (2 802 m) ©MR

Éphémère rencontre avec la faune locale, aux lacs des Domènon ©MR

Les cascades du Cirque du Boulon, en montant vers le refuge Jean Collet ©MR

1. Pic Couttet, 2 764 m. En boucle via le versant ouest et le col de Freydane (2 645 m).

Le Pic Couttet est incontestablement, avec les Rochers Rouges (voir 2), le belvédère idéal pour observer les Trois Pics de Belledonne et une bonne partie de leur traversée. De son sommet, la vue sur le versant nord-ouest est à niveau, et le fil de l’arête faitière bien visible : ne pas oublier une petite paire de jumelles. C’est un sommet qui s’atteint à pied en 4 heures, sans trainer mais sans forcer non plus – on s’acclimate, léger – depuis le parking des Quatre Chemins (1 290 m) dans le Bois de Freydière.

Itinéraire : des Quatre Chemins, rejoindre le lac du Grand Domènon par le Lac du Crozet et le col de la Pra (2 167 m) (3h). Le dépasser et rejoindre à vue le pied du large versant ouest du Pic Couttet. Strié de petites combes désagréables à gravir lorsqu’elles sont sans neige, ce versant offre quelques éperons rocheux salvateurs, où la progression sera bien plus ludique et rapide. L’idée est de rejoindre le plus évident de ces éperons à mi-hauteur du versant, par des premiers rochers moutonnés à main gauche dans la partie inférieure. Prendre alors pied sur l’éperon par la droite et le remonter jusqu’à sortir sur une rampe légèrement déversée (quelques pas de II). Suivre la rampe, franchir un angle (II, 1 pas) et prendre pied dans un dernier petit couloir raide qui conduit directement à une brèche de l’arête sommitale, près du sommet. Gagner la brèche – vue soudaine et exceptionnelle sur les Trois Pics et le glacier de Freydane – puis par quelques mètres à main droite sur l’arête et un dernier pas d’escalade (II), atteindre le sommet.

Au sommet de l’éperon (qui descend au centre de l’image) dans le versant ouest du Pic Couttet. La Grande Lance de Domène (à droite) et le Pic du Grand Domènon (à gauche) encadrent les lacs du Domènon. ©MR

Itinéraire de montée au Pic Couttet ©MR

À la descente, au col de Freydane ©MR

crampons indispensables par conditions neigeuses

Descente : via le fil de l’arête sud, trouver rapidement de petites vires étroites à main droite permettant d’éviter les raideurs exposées de l’arête. Suivre ces vires au mieux, en revenant parfois à main gauche, désescalader de toutes petites barres et par une dernière pente moins raide rejoindre le col de Freydane. Du col, revenir vers les lacs du Domènon et le GR738 emprunté à l’aller.
Dénivelé : 1 480 m.
Durée de l’aller-retour : 7 à 8h.
Matériel : bâtons télescopiques de randonnée. Par conditions neigeuses, grosses chaussures et crampons indispensables, éventuellement piolet, notamment pour la descente sur le col de Freydane (préférer des conditions sèches pour une évolution globale plus rapide et moins exposée). 

2. Rochers Rouges, sommet des stèles à 2 810 m

Étonnant sommet au plus près du versant nord-ouest des Trois Pics de Belledonne. D’ici, au beau milieu de stèles de pierre hautes de un à deux mètres, on touche la traversée. Des lames de rochers rouges ont été érigées là par dizaines, selon la légende, par des Hommes en hommage à d’autres, disparus. Unique et presque mystique, ce lieu dénommé le cimetière des sans-éthique est, dans ce décor, fascinant. Il s’avère très peu connu des randonneurs de Belledonne qui, bien souvent, gagnent la Croix sans faire le détour vers les Rochers Rouges.

À deux pas du sommet des Rochers Rouges et dans la lumière du soir, vue majeure sur les Trois Pics de Belledonne. ©MR

Les Rochers Rouges au centre de l’image, et le col de Freydane à gauche ©MR

Les stèles du sommet, face au Grand Pic. Mystique ! ©MR

Itinéraire : comme précédemment jusqu’au lac du Grand Domènon, mais poursuivre en direction du point 2474, d’où l’on s’élève vers le col du Bâton, par le Névé de la Grande Pente. À mi-hauteur du névé, repérer une combe filant vers l’Est (à main gauche, sente) et la remonter. Lorsque la pente s’adoucit, remonter à main gauche (nord) un petit couloir (ou petite combe secondaire), et sortir sur un premier plateau de rochers rouges. Repérer alors les stèles bien visibles, que l’on rejoint facilement, et le cairn sommital.
Descente : par le même itinéraire.
Dénivelé : 1530 m.
Durée de l’aller-retour : 6 à 8h.
Matériel : bâtons télescopiques de randonnée, crampons utiles par conditions neigeuses.

Du sommet du Pic du Grand Domènon, plongeon sur l’entrée de son couloir nord-ouest. En face, la Grande Lance de Domène ©MR

3. Pic du Grand Domènon, 2 802 m. Arête NE en aller-retour, par le col du Bâton.

Avec la Grande Lance de Domène qui lui fait face et les précédents, le pic du Grand Domènon est l’autre sommet majeur du cirque du Domènon. Sommet bifide, il est prisé des skieurs à la saison neigeuse, notamment son couloir nord-ouest. Vue panoramique au sommet impressionnante sur les lacs en contrebas, et le Grésivaudan.

Itinéraire : comme précédemment, mais gagner le col du Bâton à 2665 m. Du col, suivre l’arête nord-est, évidente au plus facile – 1 pas de II – jusqu’au sommet.
Descente : par le même itinéraire.
Dénivelé : 1510 m.
Durée de l’aller-retour : autour de 7h.
Matériel : bâtons télescopiques de randonnée, crampons utiles par conditions neigeuses.

Le Pic du Grand Domènon avec à gauche, son arête nord-est ©MR

Au sommet du Pic du Grand Domènon ©MR

L’itinéraire vu depuis la Grande Lance de Domène ©MR

4. Rocher de l’Homme, 2755 m. En boucle par le col de Roche Noire et la crête des Excellences.

Dominant le haut vallon de Freydane, le Rocher de l’Homme est le point culminant d’une très longue arête en fer à cheval, qui court du verrou du Lac Blanc au col de la Balmette. Le gravir par son arête sud-est depuis le col de Roche Noire et en redescendre par la crête des Excellences, via son versant ouest, est un parcours aérien superbe et varié. Dans le versant ouest un soupçon scabreux, pied sûr et sens de l’itinéraire seront requis, mais ce passage est relativement court : y renoncer vous priverait de la descente panoramique de la crête des Excellences.

Itinéraire : du parking de la Souille (1365 m, Saint-Mury), emprunter le sentier plein Est qui conduit à flanc vers le Cirque des Cascades du Boulon et le refuge Jean Collet. De la passerelle à 1678 m, ne pas suivre le GR mais monter droit le raidillon qui mène rapidement au sentier du Lac Blanc. Poursuivre en rive droite du lac et s’élever à main gauche dans le ravin de la Lauzière de Roche Noire (un four de pierres…), jusqu’au col de Roche Noire. Gravir alors l’arête sud-est du Rocher de l’Homme, parfois raide et délitée, mais jamais difficile, jusqu’au sommet.

Depuis la crête des Excellences, vue panoramique sur tout le bassin versant de Freydane, les Trois Pics, les Rochers Rouges, le Pic Couttet et la Grande Lance de Domène ©MR

Du sommet, vue sur l’arête sud-est et la longue échine qui conduit plus loin au Grand Pic… ©MR

Descente du Rocher de l’Homme ©MR

Descente : revenir sur ses pas de montée pour contourner et laisser à main droite la large brèche du sommet bifide. S’immiscer dans le versant ouest du Rocher de l’Homme et par de petites vires et couloirs, franchir une petite série d’éperons scabreux en perdant petit à petit de l’altitude, vers l’épaule ouest. Rejoindre l’épaule, puis descendre le long de la crête des Excellences (sente) jusqu’à environ 2450 m – on franchit un court dièdre en II dans une brèche – et rejoindre le Lac Blanc par des croupes herbeuses.
Dénivelé : 1 400 m.
Durée de l’aller-retour : 7 à 8h.
Matériel : bâtons télescopiques, grosses chaussures et crampons indispensables par conditions neigeuses.

5. Le Puy Gris, 2 908 m. Arête ouest par la combe des Roches.

Pyramide à la fois intimidante et esthétique, le Puy Gris est le 8ème plus haut sommet de Belledonne et trône au carrefour de la combe des Roches au nord et du Tépey au sud. Son arête ouest, haute de 150 mètres à partir de la Selle du Puy Gris, est une introduction pédagogique à l’alpinisme en Belledonne avec son ressaut de quelques mètres à mi-hauteur, et ses quelques pas de III obligatoires. Pourvu de bonnes prises, il se franchit en quelques mouvements un soupçon athlétiques. Sur cette arête finalement ludique, après une longue approche via les pierriers de la combe des Roches et les névés raides menant à la Selle, on testera son endurance et, sans corde, sa confiance et sa capacité à choisir les meilleurs passages au beau milieu de blocs parfois en équilibre.

Itinéraire : du hameau des Roches dans la vallée des Villards (Maurienne), remonter la combe des Roches jusqu’à la passerelle du Plâtre (1 366 m). Rester rive droite du torrent des Roches et la suivre jusqu’au point 1672. Prendre alors un petit sentier à main gauche et atteindre une très raide croupe qui, par une sente sinueuse, conduit à la moraine de l’ancien glacier du Puy Gris. Suivre le fil grossier de cette moraine, encombré de gros blocs, jusqu’au bassin supérieur de la combe. Remonter ce bassin en restant plutôt rive gauche, et par un mouvement tournant sous la pointe de Comberousse (névés), atteindre la Selle du Puy Gris. Attaquer alors l’arête ouest par son flanc droit (sud). Quelques cairns indiquent le cheminement.

Du bassin supérieur de la Combe des Roches, vue sur le pointu Puy Gris (à gauche), et la pointe de Comberousse (en face) ©MR

Le ressaut clé de l’arête ouest, et sa double fissure caractéristique en III (celle de gauche…) ©MR

Encore un beau cairn ! (sic) ©MR

Descente : par le même itinéraire jusqu’au Roches.
Dénivelé : 1 760 m.
Durée de l’aller-retour : environ 9h.
Matériel : bâtons télescopiques, grosses chaussures et crampons recommandés pour l’accès à la Selle, ainsi que sur l’arête si elle est enneigée.