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Belledonne : Extatique, voie majeure en 6a max

Objectif traversée du Grand Pic 3/3

Extatique, deuxième longueur en 5. ©MR

Montagnards qui visez la traversée du Grand Pic de Belledonne cet été, vous avez pu vous familiariser avec le massif et parcourir une première course test comme la traversée Jasse – Cabottes. Une seule étape reste à franchir : évaluer vos capacités à grimper bardé du matériel d’alpinisme, et à vous protéger vous-mêmes dans des longueurs d’escalade peu difficiles. Une courte voie trois étoiles et une petite traversée de sommets vous attendent pour cela aux Petites aiguilles de l’Argentière. Embarquez !

Elles sont des petits bijoux rocheux du massif de Belledonne, trônent fièrement sur les hauteurs du col du Glandon et du barrage de Grand-Maison : les aiguilles de l’Argentière, qui sont huit. À l’Est du col de la Combe (2 684 m), la Tête des Cos (2 531 m), l’aiguille de Capdepon (2 714 m), la pointe Elisabeth (2 710 m) et l’aiguille de la Combe (2 747 m) forment les Petites aiguilles de l’Argentière. À l’ouest, plus hautes, l’aiguille Joseph Gaillard (2 757 m), d’Olle (2 885 m), de Saint-Phalle (2 897 m), Michel (2 913 m) et de Marcieu (2 906 m) forment les Grandes.

Ces aiguilles peuvent se gravir soit directement par des voies rocheuses dans leurs versants sud pour la plupart, soit en traversant l’arête faîtière de l’une à l’autre.

Approche. Au centre les Petites aiguilles, à gauche les Grandes. ©Manu Rivaud

ligne esthétique, rocher magnifique.
Une voie Aubert/Malvolti !

Extatique sur Capdepon : majeure

Côté Grandes aiguilles, le rocher n’a pas très bonne réputation mais côté Petites c’est l’inverse : il peut être exceptionnel à grimper ! Parmi l’ensemble des voies à disposition (une sélection à découvrir dans le topo de Lionel Tassan), la voie Extatique (150 m, 6a max et 5c obligatoire, Éric Aubert et Marc Malvolti, 2005) sur le pilier sud de l’aiguille de Capdepon porte bien son nom. La ligne est esthétique, les longueurs sont toutes magnifiques, variées et pour une voie du Mauriennais Malvolti, bien équipées !

L’ambiance des Aiguilles. ©MR

tous les styles « montagne »
réunis en une seule voie

Un mur raide en L1 (5c+) demande de la lecture mais concentrez-vous, il y a tout ce qu’il faut et l’escalade est superbe. S’en suit une belle longueur plus facile (5a) qui franchit directement quelques ressauts, puis vient la longueur clé, un beau dièdre que l’on rejoint par un court surplomb en 6a, et dont on sort par une fine traversée en dalle sous le relais (penser à gérer le tirage).

La 4ème longueur est une fissure franche à gravir en dülfer – quelques beaux mouvements athlétiques sur 10 mètres – puis une dernière longueur aérienne (5b/c), moins équipée et où il est pertinent de poser quelques coinceurs, conduit directement au sommet de l’aiguille.

La sortie en dalle de L3 (6a) ©MR

La Dülfer de L4 (5c/6a). Au fond, les aiguilles d’Arves ©MR

Autrement dit, toute la panoplie des styles que l’on trouve en montagne est ici réunie, et l’ensemble s’avère un terrain de préparation à l’alpinisme rocheux en Belledonne pertinent, surtout pour les longueurs en IV qui vous attendent, au cas où, au Grand Pic. Vous serez ici en chaussons, c’est préférable, mais si dans cette voie vous êtes à l’aise ainsi, vous le serez en grosses au Grand Pic de Belledonne.

La traversée Capdepon, pointe Elisabeth, aiguille de la Combe

Poursuivre en traversant la pointe Elisabeth et l’aiguille de la Combe est alors un beau petit voyage panoramique. Vers le sud les vues s’étendent des Grandes Rousses jusqu’aux sommets du Râteau, de la Meije et des aiguilles d’Arves et côté nord, sur les sommets de Belledonne. À vos pieds, l’impressionnant lac de Grand-Maison et son barrage. Mais trève de rêveries, rejoindre la pointe Elisabeth puis l’aiguille de la Combe demande encore de l’attention.

 

Deux longueurs en V sur pitons
pour gravir la pointe elisabeth

De l’aiguille Capdepon, descendre une quinzaine de mètres sous le sommet en versant ouest jusqu’au sommet d’une dalle où l’on trouve un premier ancrage de rappel (sangles sur becquet). Trois rappels – 30 m, 45 m et 20 m – déposent au coup de Sabre du Piniollet, au pied de la facette Est de la pointe Elisabeth (en bas du premier rappel, ne pas s’arrêter au premier relais sur pitons et sangles dans une dalle, mais préférer un relais équipés sur spits quelques mètres plus bas à main droite).

La facette Est de la pointe Elisabeth, assez raide et compacte, s’escalade par deux belles longueurs typées montagne, plutôt grimpantes (V) et où seulement quelques pitons sont à demeure (on pourra compléter l’équipement avec des coinceurs, relais sur pitons en place). Puis le fil de l’arête redevient fracturé et le sommet se gagne facilement les anneaux à la main.

 

Dans les rappels de l’aiguille Capdepon ©MR

Facette Est de la pointe Elisabeth, L1, V. ©MR

Depuis la pointe Elisabeth, vue sur une cordée qui sort au sommet de l’aiguille Capdepon ©MR

L’arête sommitale qui mène ensuite à l’aiguille de la Combe se parcourt à corde tendue, parfois encordés court pour plus d’efficacité (nombreux blocs, quelques pas de II). Du sommet descendre par l’arête au plus facile, puis par des vires et de petites désescalades en versant ouest, lorsque l’arête se raidit franchement. On atteint la brèche nord du col de la Combe, puis le col de la Combe proprement-dit (brèche suivante).

Avec ou sans les crampons ?

Au sommet de l’aiguille de la Combe ©MR

Le col de la Combe et son (potentiel mauvais) couloir de descente ©MR

C’est ici que l’on pourra regretter de ne pas avoir pris un petit piolet, sa paire de grosses et de crampons, si le couloir de descente en versant sud du col est encore complètement, ou seulement en partie, en neige.

Restant à l’ombre une bonne partie de la journée, il est suffisament raide pour être dangereux en cas de mauvaise glissade. Soyez équipés ou restez concentrés, comme toujours… Bonne course !

 

Éléments pratiques
Traversée des Petites aiguilles de l’Argentière par la voie Extatique
6a max, 5c obligatoire

 

La voie ©MR

Point de départ : col du Glandon, 1 922 m.

Approche de la voie : du col, empruntez la sente bien visible dans les alpages qui contourne par le sud (gauche) la colline du Carrelet. Poursuivre la sente jusqu’à sortir sur une vaste prairie. Droit devant s’élèvent les Petites aiguilles de l’Argentière. Rejoindre à vue le pied de l’aiguille de la Capdepon (1h30 du col).

Matériel : casque, 2 brins de corde de 50 m, 12 dégaines, un petit jeu de coinceurs à cames jusqu’au n°2, sangles. Chaussures de montagne, crampons et piolet utiles en cas de neige dure dans la descente du col de la Combe. Marteau (du piolet par exemple) utile pour retaper les pitons si nécessaire…

Topo : Belledonne escalade, édition 2020, de Lionel Tassan.