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Le Cho Oyu 8188 m. en 12h35 pour Benedikt Böhm et Prakash Sherpa

Prakash Sherpa et Benedikt Bohm au sommet du Cho Oyu ©Dynafit

Le 7 octobre, l’alpiniste allemand Benedikt Böhm et le népalais Prakash Sherpa ont gravi le Cho Oyu, 8188 m, au Tibet, en seulement 12 heures 35 minutes. Sans bouteilles d’oxygène ni porteurs.

Ni oxygène, ni camp d’altitude, une ascension d’une traite du camp de base au sommet …et retour : l’alpiniste allemand Benedikt Böhm et le népalais Prakash Sherpa se sont retrouvés au sommet de la sixième plus haute montagne du monde le 7 octobre à 11 h 33, heure locale, après une ascension en un temps record. Depuis le camp de base à 5 600 mètres jusqu’au sommet à 8 188 mètres, Benedikt Böhm et Prakash Sherpa ont mis 12 heures et 35 minutes. Avec la descente, ils auront mis un total de 19 heures pour l’aller-retour au sommet. Sur la photo du sommet, et sur la vidéo qu’ils nous ont transmise, on peut apercevoir, entre eux, au loin, les sommets de l’Everest et du Lhotse à 28 kilomètres à vol d’oiseau.

Directeur général de Dynafit, Benedikt Böhm n’en est pas à son coup d’essai en Himalaya et dans le Karakoram : il est l’auteur d’une descente à skis du Gasherbrum II (8035 m, en 2006), ou encore de deux records de vitesse, avec descente à skis, du Dhaulagiri VII (7246 m., en 2019) et de l’Himlung Himal (7126 m. en 2022). Prakash Sherpa, lui, s’est distingué cette année en réalisant avec le hollandais Christian De Jong deux belles croix en mai dernier, le Pumori et le Nupste.

Benedikt Böhm sur le Cho Oyu ©Dynafit

Le Cho Oyu versant tibétain.

« Je n’ai jamais autant souffert physiquement que lors de cette expédition. Nous étions déjà à près de 8 000 mètres d’altitude quelques jours seulement après le début de nos excursions d’acclimatation. Normalement, il faut compter deux ou trois semaines pour cela. Mais nous n’avons pas eu le temps, et c’est ce que j’ai ressenti » raconte Böhm.

De fait, les deux alpinistes ont dû attendre la dernière minute avant d’apprendre que leur permis était accordé par les autorités chinoises, qui ont fermé le Tibet après le Covid jusqu’à cette automne, à la notable exception des expéditions de Kristin Harila et celle de Sophie Lavaud au printemps dernier. Pour l’allemand, l’acclimatation a été rude, confie-t-il. « Prakash est né au Népal et vit en altitude. Il est naturellement parfaitement acclimaté et dort même comme un bébé à plus de 7 000 mètres d’altitude. Les premiers jours, j’ai surtout dû me battre alors que Prakash, même à 7 000 mètres, faisait des séances d’entraînement en fractionné… »

Je n’ai jamais souffert autant physiquement que sur cette expédition. benedikt Böhm

Prakash et Benedikt au Cho Oyu. ©Dynafit

Sur la montagne elle-même, les conditions étaient parfois extrêmes, avec des vents violents et une neige abondante qui a causé une avalanche meurtrière sur le voisin Shishapangma. Benedikt Böhm et Prakash Sherpa ont failli atteindre le sommet le 2 octobre, mais ils ont dû rebrousser chemin à 100 mètres du sommet en raison d’un jour blanc total, avant de réussir ce samedi. « Un rêve de longue date » qui s’est réalisé pour Benedikt Böhm. Reste que le style usité des deux alpinistes, sans oxygène artificiel et sans porteurs, n’est pas du pur style alpin car ils ont bénéficié de cordes fixes, mais le fait de gravir le sommet sans oxygène et sans porteurs est une exception dans le paysages des 8000 actuels.

Le Cho Oyu, 8188 m, a été le premier 8000 gravi sans oxygène, en 1954, par une expédition menée par Herbert Tichy, fameux explorateur des confins du Tibet et du Népal. Le Cho Oyu sera également le théâtre de la dramatique expédition féminine de 1959 durant laquelle une avalanche tua plusieurs alpinistes dont la française Claude Kogan. Plus heureuse plus la première descente d’un géant himalayen par une femme avec un engin de glisse, en l’occurence la française Véronique Périllat en monoski, en 1988.