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Quadrupédie

#2
C’est le 2e Espresso le plus lu de 2019. Et c’est encore cadeau pour fêter la sortie de Double Espresso (et il n’en reste qu’une dizaine ce matin…)
Partant pour l’éloge d’une vie de chien ? 

Pendant des années, j’ai eu le meilleur des compagnons de cordée.
Nous sommes allés à peu près partout ensemble. À peu près.
Il était piètre grimpeur malgré de jolis III dans le Vallot. C’est en ski qu’il brillait ; il avait déjà avalé le couloir quand moi, je claquais encore des genoux dans le haut. Mais jamais il ne me quittait de son regard inquiet. Il adorait les fines arêtes, celles où l’on se déplace à quatre pattes, la tête au ras de la Terre, comme les gosses. Ça le faisait marrer. C’est aussi pour ça qu’on va en montagne, rejouer à la quadrupédie, vivre de nouveau à hauteur d’enfant.
Il était d’une robustesse sans pareil. D’une autre étoffe. Jamais froid, jamais chaud. Quelle que soit la saison, il était pareillement accoutré quand moi, j’empilais ou déplumais les couches en ®. À sa manière, il me faisait comprendre que nous, les Hommes modernes, étions devenus des choses bien fragiles et exigeantes. Jamais faim, jamais soif non plus, sauf si je lui proposais. Il ne prenait jamais à manger, ce à quoi je lui disais que porter sa nourriture était une règle de base en montagne surtout lorsqu’il lorgnait avec envie sur mon sandwich à la tome. Alors se jouait cette danse des