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Un kilo de rêves

#5
En cette fin d’année, Alpine Mag vous fait cadeau des cinq Espresso les plus lus de 2019, pour mieux préparer le retour de Cédric Sapin-Defour en 2020 et pour fêter la sortie de Double Espresso, la compilation de cette 2e année de chroniques.
Vous reprendrez bien Un kilo de rêve ? 

Nous autres qui jouons dans les montagnes sommes des enfants gâtés.
Que d’alignements de chances il faut pour vivre cela.
Mais il est un caprice que nous n’avons pas, celui de l’immédiateté. Vouloir tout, tout de suite n’a pas sa place là-haut, cette hâte serait vaine. Les choses de la verticalité sont de l’ordre de l’aléatoire et c’est tant mieux. La montagne nous enseigne la patience et arrose régulièrement notre frustration, les salles d’attente sont remplies d’alpinistes. Si nous ne l’acceptons pas, nous devons aller jouer ailleurs, là où il suffit de trépigner pour avoir.
Certains de nos projets sont en pause depuis des semaines, des mois, il faudra, qui sait, une vie entière pour les toucher du doigt. Un sommet, une ligne, un enchaînement, la liste de nos envies en regorge. Il en suffit d’une pour que nous patientions. Il est ainsi une cime que j’attends de fouler depuis vingt ans, pas plus pointue qu’une autre mais nous avons, à chaque fois, raté nos rendez-vous, beaucoup de ma faute, parfois de la sienne, sans jamais nous en vouloir. Je la vois de la maison, un jour peut-être. C’est comme ça. Chaque soir, je la regarde