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Last chance tourism : alpinisme opportuniste et tourisme de masse à la Mer de Glace

©Gregoire Laverty Collection Yann Borgnet

Guide et désormais prof à l’ENSA, Yann Borgnet garde l’oeil de l’universitaire sur le milieu montagnard. Avec un ami, Grégoire Laverty, il vient d’ouvrir une nouvelle goulotte vers la pointe de la Noire, 3386 m., au-dessus de la vallée Blanche. Ils sont rentrés par le Montenvers où vient d’être inaugurée la nouvelle télécabine. Un lieu où se presse une forme de tourisme de la dernière chance (nom donné à la goulotte), où l’on vient voir la mer de Glace avant qu’elle ne disparaisse. Mais les alpinistes pressés de planter leurs piolets ne font-ils pas eux aussi partie de ce tourisme-là ?

Lorsque l’on évoque le tourisme de la dernière chance, on pense subitement aux confortables croisières réalisées dans les confins, par exemple la « Grande route polaire », navigant entre le Groenland et le Svalbard pour observer – et déranger – la faune sauvage érigée en argument commercial (Eijgelaar et al., 2010). Le LCT (Last chance tourism) rassemble de nombreuses pratiques, permettant d’accéder aux beautés du monde qui vont disparaître (et ce faisant accélérer leur disparition), soit en affichant – hypocritement ? – un prétexte de « témoignage » vis-à-vis de la catastrophe, soit en assumant un objectif de distinction à être les derniers faute d’avoir pu être les premiers (être pionnier à l’envers).

Le paradoxe est criant, par exemple entre le souhait d’observer un milieu non anthropisé et les coûts générés, notamment en termes d’émissions de carbone ou de dérangement de la biodiversité.