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Dans les secrets des glaciers du Val d’Anniviers

Glacier de Moiry ©Barnabé

Beaucoup d’alpinistes connaissent les moulins de glace. On grimpe le puits d’entrée, après l’avoir descendu en rappel, comme en cascade de glace. Les spéléologues ont une approche toute différente de l’activité. Pas de dévers en piolet traction mais de l’exploration pure : une team de jeunes spéléos a exploré plusieurs glaciers en Suisse cet automne. Comment ? En équipant le moulin sur cordes fixes pour descendre le plus bas possible sous le glacier, tant que l’eau, liquide ou solide, permet le passage. Récit.

Comme chaque année au mois d’octobre, nous nous donnons rendez-vous pour aller sous les glaciers suisses. Cette année, nous devions passer une semaine sous tente sur un glacier, afin d’explorer tous les trous où nous pourrions nous glisser. Devant la météo pluvieuse annoncée, nous décidons d’un commun accord d’abandonner cette idée. La météo tient deux jours, nous improvisons alors un départ pour le Val d’Anniviers.

Glacier de Moiry. ©Barnabé Maurice

Dans tout projet de ce type, une logistique très précise est nécessaire, c’est donc sur le parking du supermarché qu’on fera le tri du matériel. S’en suivra alors des courses collectives, chacun gère un repas. Dany, dont les besoins énergétiques journaliers tiennent dans une cacahuète, et PB, qui a tendance à acheter tout ce qui est gras et qui lui passe sous la main, feront équipe ensemble afin de faire une juste moyenne. C’est donc les camions pleins de broches, cordes et surtout de bouffe qu’on arrive sur le parking du glacier de Moiry. L’équipe Rougail-Saucisse se met vite au travail afin de nourrir les troupes affamées.

L’approche. ©Thibaud Galai

Après une bonne nuit, quoique pas pour tout le monde, et un bon petit déjeuner, nous partons pour les deux heures de marche d’approche pour aller sur le glacier. Là-haut, deux équipes se forment pour les deux moulins qui s’offrent à nous. Le plus grand commence par un puits de 23 m, suivi d’un long et beau méandre, et pour finir une succession de jolis petits puits qui amèneront sur un siphon à moins 80m.

Entre l’exploration, le froid et l’humidité, un goût d’aventure

Départ dans le puits d’entrée. ©Thibaud Galai

Dans la gueule du glacier. ©Barnabé Maurice

Pour l’équipement, pas loin de 200 m de cordes ont été nécessaires et environ 40 amarrages sur broches et abalakov.

Le second laisse moins rêveur, après un puits de 20m en entrée, un méandre aux couleurs et odeurs douteuses nous conduit à un puits de 10m très étroit suivi d’un siphon.

Pour finir la journée, Alain propose d’aller voir un moulin très prometteur en bas du glacier. Loïc et Thibaud le suivent, jusqu’à l’orifice bouché… On rentre au camion de nuit en espérant que les autres aient préparé le repas, ce qui ne sera pas le cas, ils ont préféré prendre l’apéro !

Au matin, la météo a changé, elle annonce beau encore 2 jours ! Nos plans changent alors immédiatement, au lieu de rentrer, on consacrera une première journée à de la balade au dessus du glacier, pendant que d’autres visitent un troisième moulin. Le soir, PB, Antoine et Dany nous quittent tant bien que mal avec une voiture qui refuse de démarrer. Nous prenons alors la route du Val d’Hérens, pour rendre visite au glacier de Ferpècle.

Le sourire du spéléo ! ©Thibaud Galai

L’excitation de descendre dans un moulin. ©Thibaud Galai

Ferpècle

Le glacier de Ferpècle demande plus de marche d’approche que Moiry mais on ne la voit pas passer tellement les paysages sont beaux ! On trouve en bas du glacier, une jolie résurgence sous un grand porche d’effondrement que l’on parcourt sur une centaine de mètres. On fera le retour par une autre résurgence galerie qui nous ramènera directement au sac où le pique-nique nous attend. L’après-midi, on décide de monter sur la partie supérieure du glacier où un grand porche nous attend, tunnel surplombé d’une arche qui s’ouvre sur le front du glacier. Une première branche nous ramène 300m plus loin.

Nous avons fouillé d’autres galeries de jolies tailles dans l’après-midi, pour au total avoir découvert pas loin d’un kilomètre de galeries sous-glaciaires ! Ce fut une belle surprise, car ce glacier a particulièrement diminué ces dernières années, et on ne s’attendait pas à trouver encore d’aussi belles cavités. C’est comme ça que notre voyage en Suisse se termine, une jolie aventure, bien que trop courte mais les souvenirs demeurent. En espérant que ces jolis glaçons seront toujours là pour nous faire rêver dans les années futures. Vous pourrez retrouver des vidéos des moulins sur la chaîne YouTube de C’est Pas FFS ainsi que sur notre compte Instagram.

Incroyable glacier de Ferpècle. ©Thibaud Galai

Participants : Alain, Loïc, PB, Dany, Antoine, Tanguy, Loïc, Flo, Barnabé et Thibaud.