Premier film de spéléologie présenté au festival Montagne en Scène, Subterranean raconte l’histoire d’un long travail d’exploration dans les entrailles de la terre. Au Canada, Franck Tuot et son équipe cherchent à trouver un passage souterrain pour relier ce qui pourrait être le plus grand réseau souterrain jamais exploré dans le pays. Un véritable film d’aventure à la rencontre du monde souterrain et de ceux qui l’animent.
omment refaire surface dans une vie de famille quand on passe l’ensemble de ces week-end allongé dans la boue à explorer des grottes interminables, et ce parfois, pendant 17 heures d’affilées ? Comment expliquer cette passion, alors même qu’elle nous apporte majoritairement des déceptions ? Que va t-on chercher dans les profondeurs de la terre ? C’est ce que tente de nous expliquer le spéléologue Franck Tuot dans le film Subterranean, réalisé par François Xavier De Ruydts.
Premier film de spéléo présenté à Montagne en Scène et déjà récompensé en tant que meilleur film d’aventure et d’exploration par bon nombre de festivals outre atlantique (notamment le festival du film de montagne de Banff), ainsi que chez nos voisins britanniques (au Kendal mountain film festival), Subterranean est, sans mauvais jeu de mots, une aventure profondément humaine.
Dans les profondeurs de la Colombie Britannique, ce moyen métrage de 43 minutes – qui n’est pas sans nous rappeler le film On a marché sous la terre avec Cédric Lachat – nous emmène à la poursuite d’un record fou : relier les trois caves aux noms évocateurs qui forment le réseau de l’ARGO – pour ne pas citer le Glory Hole –, afin de pouvoir annoncer la découverte de la grotte la plus longue du Canada. Un travail de titan qui ne demande qu’une chose : explorer. Explorer sans relâche en passant par des cathédrales de pierre, des passages boueux, des puits verticaux, jusqu’à venir buter face à une étroiture subaquatique interminable ou un mur de pierre infranchissable.
Ca c’est la version courte. Car pour parler de Subaterranean, il faudrait citer les heures de déblayage de boue allongé à plat ventre dans l’obscurité, les remontées en artif de mur aussi humides que raides, les plongées abyssales dans les syphons, tout le travail de recensement et de mesure réalisé sur le terrain à l’aide d’instruments laser. Sans compter le soir, une fois revenu à la maison devant son ordinateur, la cartographie 3D de toutes ses cavités.
Une forme de travail en équipe non rémunéré pour laquelle Frank fait de nombreux sacrifices. Chaque samedi, il quitte sa famille et s’élance dans les profondeurs de la terre pour trouver un passage, avec l’espoir que la journée se solde par le partage d’une bouteille de vin au creux d’une cavité et devienne le « connection day ».
Au fil de cette aventure, accompagné d’une sacré équipe de spéléos, aux caractères tout autant attachants que singuliers, parmi lesquels on retrouve son partenaire John Lay et son mentor de grotte Peter Curtis – et son harmonica -, ses émotions font le yoyo entre l’espoir, les doutes et le pur bonheur.
Le tout sans prétention, dans une atmosphère de franche camaraderie, de folklore historique et de simplicité des échanges, on découvre et apprend à aimer le quotidien des spéléos. Un petit groupe d’acharnés qui, contrairement à la majorité, ne rêvent que d’une chose : aller se cloitrer six pieds sous terre.
En sortant de la séance, on aurait presque envie d’enfiler sa frontale et un casque de vélo – comme Franck à ses débuts – avant de motiver ses amis à aller explorer ce qui se trame sous nos pieds. Quoi que, difficile de quitter le soleil…