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Le Kangchenjunga pour Vadim Druelle en 19h et sans oxygène

Photo d'archive Vadim Druelle.

La valeur n’attend pas le nombre des années. Vadim Druelle vérifie l’adage : après de beaux débuts en Himalaya, le voici de retour au Népal ce printemps. Mission accomplie avec l’ascension non-stop du Kangchenjunga, 8586 mètres, en moins de 19h du camp de base au sommet, et sans oxygène additionnel. Une superbe performance, qui place Vadim Druelle parmi les himalayistes actuels les plus rapides. [Mise à jour] Vadim annonce un temps de 18h43. 

Certains himalayistes redorent le blason de l’himalayisme. Pour eux, le style compte, l’ascension doit être une épure, loin des excès des expéditions commerciales. Pour Vadim Druelle, c’était la seule façon de gravir le Kangchenjunga : sans artifices, sans oxygène, ni sherpa personnel : il a seulement pris un permis d’ascension et une logistique camp de base avec Seven Summit Treks. Mais rien d’autre. Ce 25 mai, il a réussi l’ascension de la troisième plus haute montagne de la Terre en dix-neuf heures seulement, du camp de base au sommet. Soit pas loin de 3300 mètres de dénivelé positif, le sommet étant à 8586 m. « Il est cuit, parce qu’il a quand même du faire la trace du camp de base au camp 4 » selon ses proches, mais « il se sent super bien ». Et il est de retour au camp de base.

Le 18 mai pourtant, Vadim Druelle expérimentait la dureté de la haute altitude, quand il a dû stopper sa première tentative. Tout s’était pourtant bien passé. Vadim n’était pas seul, mais avec le « train » des prétendants au sommet, dont la boulimique – et sous oxygène – Kristin Harila. Le train s’est perdu dans la nuit : Harila a retrouvé son chemin, mais Vadim a dû faire demi-tour. La difficulté du Kangch’, c’est tout en haut : du mixte raide, du rocher, et pour surmonter ces difficultés, en général les sherpas placent des cordes fixes. Entre 8100 et 8200 m les prétendants se sont perdus, de nuit, avant de retrouver le bon passage. Parti directement du camp de base pour sa tentative sans oxygène, Vadim a dû y retourner, le froid et la perte de temps étant trop importants, après 25 heures d’effort consécutifs.

Au camp de base ©Vadim Druelle

Vadim au camp de base sous la neige, début mai ©Collection Vadim Druelle

Les deux tiers supérieurs de la voie normale du Kangchenjunga, un immense versant au cheminement complexe.

Au camp situé vers 7000 mètres, Vadim Druelle sous la face Yalung du Kangch, où passe la voie normale. ©Collection Vadim Druelle

La photo du sommet. ©Collection Vadim Druelle

Le Kangch’ en dix-neuf heures. Net et sans O2.

Les jours suivants, la plupart des équipes internationales, qui avaient ou non atteint le sommet, sont parties du camp de base, la météo étant mitigée. Vadim a fait le choix, comme une minorité, de rester sur place et d’espérer un nouveau créneau météo. Et c’est ce qui s’est passé avant-hier. Vadim Druelle a quitté le camp de base à la mi-journée, avec l’idée de tenter à nouveau un « one push », sans oxygène, jusqu’au sommet. Sommet atteint 19 heures plus tard, soit aux environs de sept heures du matin heure locale, après avoir rejoint vraisemblalement au camp 4 ou au-dessus les alpinistes partis de celui-ci, onze personnes, sherpas et clients de Seven Summit Treks. Son ascension, redisons-le, a été faite sans oxygène.

En 2021, une himalayiste chinoise, Grace Tseng, avait annoncé une ascension record du Kangchenjunga, rapidement mise en doute. Mais les enquêteurs de 8000ers, dont le Français Rodolphe Popier, avaient pu établir que Tseng n’était pas allé sur le vrai sommet, mais plutôt deux cents mètres plus bas, et que ses soi-disant photos de sommet n’en étaient point. Le surdoué Vadim Druelle a pris soin de documenter son sommet : son temps canon est une performance absolument étonnante, d’autant que ce 25 mai il a dû refaire la trace une bonne partie de la voie.