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Raid à skis de trois jours dans le Beaufortain

©Ulysse Lefebvre

Terre d’accueil de la mythique Pierra Menta, le massif du Beaufortain est un joyau pour le ski de rando. Véritable grenier à poudre, il permet de profiter des douceurs de la Savoie, tout en s’éloignant de l’agitation des pistes. Avis aux amoureux de la glisse, du fromage et du dénivelé (combo qui contre toute attente fonctionne) ! Voici une idée de raid à skis sur trois jours, pour sillonner le massif, sans oublier que les variantes sont innombrables en ces terres de ski de rando !

Dans le Beaufortain, les itinéraires sont nombreux. Les refuges disséminés au grès du massif et la diversité des orientations dans les combes peu soutenues permettent de multiplier les possibilités, tout en gardant de la neige skiante sous les spatules. Sans prétendre à l’exhaustivité, on vous propose ici une petite idée de raid, qui on l’espère, saura vous inspirer.

Jour 1 :

Pour le départ, direction la Tarentaise et le charmant hameau de Granier.  Un ancien petit domaine skiable, qui accueillait jusqu’en 2016, une poignée de skieurs en quête de tranquillité. A partir du parking de l’ancien téléski, il va falloir utiliser ses cuisses pour vous hisser au sommet de la piste abandonnée. Une fois en haut de la station, vous entrez dans le royaume du beaufort et filez en direction de la Pointe de Combe Bénite (2575 m), l’objectif de la journée.

La montée se déroule dans un cadre bucolique. On traverse d’abord les chalets de Pra Spa, puis en contourne la Roche à Thomas pour accéder, au terme d’un petit verrou, au lac de Guio. De là, on voit au bout de la montée un sommet. Mais ne vous méprenez pas, ce n’est que l’antécime indiquée sur la carte à 2513m.

Le véritable sommet lui, n’est accessible qu’après une petite descente en gardant les peaux et une remontée sur la dernière arête enneigée de la journée, qui vous paraitra surement plus longue que ce qu’elle n’est vraiment. A ce moment-là, si vous n’êtes pas en train de faire une hypoglycémie, prenez le temps de jeter un coup d’œil à ce qui vous entoure. Mont Blanc, Aiguille de la Nova, barrage de Roselend… Le panorama est juste exceptionnel.

Le Mont-Blanc en toile de fond du massif, Pierra Menta 2010. ©Jocelyn Chavy

Maintenant, c’est la descente ! Laissez-vous glisser dans la face ouest puis en traversant en direction du Col de Corne Noire (2413 m), qui se rejoint après un rapide repeautage. Une fois au col, il ne vous reste plus qu’à basculer dans les combes qui mènent au lac de la Gouille et le refuge de la Coire (2059 m), votre petit cocon pour la nuit.

Attention, ici pas de gardien avant mi mars. Si vous voulez faire une grande hivernale, il faudra se contenter de ce que vous amenez dans votre sac pour calmer votre ventre affamé. Quand le gardien n’est pas là, il y a tout de même de quoi accueillir quatorze personnes dans un dortoir, où il faudra amener son duvet et bien penser à réserver.

Le refuge est également équipé d’un bon poêle, de deux feux à gaz et de tous les ustensiles de cuisine nécessaires pour vous préparer des bons petits plats. S’il ne fait pas trop froid, de l’eau coule aussi à l’extérieur. Farniente au soleil ou lecture au bord du poêle prenez le temps de recharger les batteries. Avec tout de même 1450m de D+ dans les pattes, vous l’avez bien mérité !

Le Refuge de la Coire. ©page Facebook du refuge de la Coire

Jour 2 : 

Le lendemain, vous vous réveillez avec l’envie d’avaler encore plus de dénivelé que la veille (et éventuellement un petit déjeuner). Aujourd’hui au programme, c’est le Mont Coin (2539 m), superbe point de vue pour admirer la Pierra Menta.

Au départ du refuge, vous remontez en direction de la Chevalière, puis du Plan Brunet. Paysages à couper le souffle, pentes à perte de vue et vêtements qui commencent à gratter, vous vivez pleinement l’expérience du raid à skis.

Arrivé en vue du col du Coin (2409 m), vous avez le choix de basculer directement. Mais le sommet est tout proche, alors pourquoi s’en priver. Le sac sur les épaules ne pèse plus rien, les dénivelés de la veille sont oubliés. En un rien de temps vous voilà en haut. Ce serait donc ça les effets de la spécialité locale ? William Bon Mardion et Xavier Gachet n’ont qu’à bien se tenir.

Variante immanquable dans le Beaufortain, de l’autre côté du massif, le Grand Mont (2 686 m) et, en bonne conditions, son couloir nord plein de poudre. ©Ulysse Lefebvre

Galvanisé par la terre sainte des collants pipettes, vous claquer votre plus belle manip. C’est reparti pour une descente aux petits oignons dans le Vallon du Coin, au plus proche du monolithe sacré. Répit de courte durée, la descente devient vite complétement plate. Il faut alors remettre les peaux, puis remonter en direction du col de Bresson (2477 m), deuxième montée de la journée. Le rythme ralentit. Vous commencez à comprendre ce qui signifie l’effet popcorn. D’ailleurs, vous regrettez de ne pas avoir un mutant équipé en carbone pour vous tracter à coups d’élastique.

Une fois au col, apparait enfin l’ultime objectif de la journée : le refuge de Presset (2514 m) (que vous avez évidemment réservé à l’avance). Encore un dernier effort et vous goûtez aux joies de la demi-pension. Petit verre en terrasse, repas complet, dortoirs équipés, il ne manque que la douche pour profiter du confort parfait. Attendez, une douche ? Mais vous avez à peine transpiré !

Ambiance sympathique en terrasse. Vue sur le vallon de descente du dernier jour. ©page Facebook du refuge de Presset

Jour 3 :

Dernier jour de raid. Ca y est, c’est bientôt la fin. Ce soir, il va falloir rentrer à la voiture, laisser derrière soi tous ses virages et les souvenirs qui vont avec. Mais avant de se laisser aller à la nostalgie, il faut chausser une dernière fois.

Aujourd’hui c’est du gâteau ! Pour une fois, la balance D+/D- penche dans le bon sens . Vous attaquez la journée à bloc, avec une descente le long de l’Ormente jusqu’à la cote 2100. Rodé par les deux derniers jours, vous remettez les peaux en quelques secondes (minutes ?), puis enchainez sur les 400 m de montée qui vous séparent du col de la Charbonnière (2494m). C’est l’unique remontée de la journée. Pas besoin de garder les peaux au chaud et d’économiser ses barres, vous pouvez avancer l’esprit léger. Vous regrettez presque de ne pas vous être offert un petit extra ce matin, en grimpant au col des grands Fonds (2671 m), juste au dessus du refuge. La vue panoramique sur la Pierra Menta est toujours aussi belle, vous êtes au bon endroit.

Et parfois, la Vanoise avec le mont Pourri en toile de fond. ©Jocelyn Chavy

Pour la dernière descente, vous sortez le grand jeu. Grandes courbes, godille, c’est l’occasion de montrer aux adeptes des allumettes, que malgré tout, le ski de rando c’est avant tout du ski. Entre lacs et forêt, c’est 1000 m de plaisir qui s’offrent à vous. Arrivé au Pré Pinet (1680 m), une piste forestière vous ramène tranquillement vers le pont du Plan des Lanches (1484 m), puis remonte légèrement jusqu’à la voiture.

Au terme d’un dernier effort en pas du patineur (ou à peaux), vous bouclez votre voyage au pays du fromage en lâchant vos dernières gouttes de sueur. Fatigué mais comblé, ce n’est peut être finalement pas un hasard si itinérance rime avec polyvalence.

Belles couleurs sur les sommets du Beaufortain ©Jocelyn Chavy

Massif du Beaufortain, tour de la Pierra Menta

Accès

Depuis Albertville, RN 90 jusqu’à Aime (40 min). Puis D 218 jusqu’au parking de l’ancien téléski de Granier-sur-Aime (1400 m), terminus de la route déneigée.

Itinéraire

J1Granier – Pointe de Combe Bénite – Refuge de la Coire

Du parking de l’ancien téléski, remonter l’ancienne piste. Au sommet du téléski, obliquer en direction des chalets de Pra Spa. Contourner la Roche à Thomas par le S-W (un peu raide). Rejoindre le lac Guio par un petit verrou. Remonter les pentes qui mènent à l’antécime de la pointe de Combe Bénite (point 2513 m sur IGN). Redescendre 20 m avant de gagner le sommet par une arête facile. Du sommet, redescendre dans la face W, puis remonter au col de la Corne Noire (2413 m). On rejoint ensuite le refuge de la Coire par le lac de la Gouille.

D+ 1450 m / D- : 750 m

J2Refuge de la Coire – Mont Coin – Refuge de Presset

Du refuge de la Coire, rejoindre le Mont Coin (2539 m) en en passant par la Chevalière et les chalets de Plan Brunet. Attaquer la descente au niveau de l’épaule W (court 40°) puis par une jolie pente orientée NE (35°). Possibilité de ne pas faire le sommet et de passer par le col du Coin (moins raide). Continuer dans le vallon du Coin. Au niveau des chalets du Coin (2100m environ), repeauter pour entamer une traversée ascendante jusque vers 2200m. Prendre ensuite vers l’E pour gagner le col de Bresson (2469m). Rejoindre le Refuge de Presset en traversant les pentes SE.

D+ : 950 m / D- : 500 m

J3Refuge de Presset – Col de la Charbonnière – Granier

Descendre depuis le refuge de Presset vers le S jusqu’à la cote 2100 m. De là, remonter SW jusqu’au col de la Charbonnière (2494 m). Depuis le col, descendre SE puis S sur les chalets des Chezeries, puis sur Pré Pinet (1680 m) où on récupère une piste forestière. Suivre cette piste Jusqu’au pont du Plan des Lanches (ne pas tenir compte du balisage raquette), puis la route du Cormet jusqu’au parking de départ.

D+ : 500 m / D- : 1600 m

Variantes

L’avantage du secteur, c’est qu’il existe de très nombreux extras envisageables, en fonction de l’appétit chacun. Pour les amoureux des pentes qui penchent un peu plus, il sera également possible de trouver son bonheur parmi les sommets alentours. On pense notamment aux couloirs Nord de la pointe de Combe Bénite (4.1, E1) pour le premier jour ou le couloir Est du Roc de la Charbonnière (4.1, E1) pour le dernier jour.

Restauration

Refuge du Presset -demi-pension et  service du midi – gardé du 3 février au 14 avril – reservation ici

Refuge de la Coire  -demi-pension – gardé seulement à partir de mi-mars jusqu’a fin avril – reservation ici

Matériel

Matériel de sécurité avalanche, couteaux, éventuellement crampons.

Guides

Maison des Guides du Beaufortain  basée à Arêches-Beaufort

Topos

Toponeige Beaufortain/Lauzière, Christophe Hagenmuller – André Dugit

 

Le tracé du raid directement sur le Géoportail est disponible ICI.