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Voyages à ski : des Alpes aux neiges de l’Asie centrale

Nouveauté livre

Partir skier sur les neiges de l'Asie centrale. ©Shams Eybert-Berard

Shams Eybert-Berard est guide de haute montagne. Adepte des voyages et des recoins improbables dans lesquels skier, il vient de sortir un ouvrage sur le sujet. Le skieur-auteur nous décrit le ski en Grèce et dans les Balkans, aux confins de l’arc alpi, et s’aventure jusqu’aux pays de l’Asie centrale dont il est passionné. Petite sélection de destinations à retrouver dans son beau livre.

Nourri d’une culture familiale de voyageurs, passionné par l’Asie centrale, je suis un guide de haute montagne curieux de tout et de tous. Dans ce livre, je vous embarque au gré de mes pérégrinations dans une aventure sportive et humaine dénuée de frontières. J’étais un voyageur avant de devenir guide, et je l’ai toujours gardé au fond de moi, comme faisant partie de moi. Mes voyages à ski sont avant tout des voyages. À la découverte d’autres cultures, à la rencontre des habitants qui peuplent ces contrées. 

Mon prénom perse, Shams, et le fait d’avoir appris le russe, sont des clefs qui nous ouvrent la porte de ces pays en « -stan ». Je vous fais ici le récit de mes raids à ski, dans des massifs confidentiels, de mes rencontres avec les peuples nomades, de mes explorations de régions froides et reculées. 

Voyages à ski, des Alpes aux neiges de l’Asie centrale, Shams Eybert-Berard, éditions Glénat, octobre 2023.

J’ai eu envie de faire ce livre, bien sûr pour coucher sur le papier 10 ans de voyages, comme on ferait un album photo pour son salon. Mais surtout pour partager toutes ces belles choses. Pour montrer, informer, que -stan de rime pas avec menaçant, et que les montagnes peu connues d’Asie centrale sont un fabuleux terrain d’exploration. Quand j’ai proposé le projet aux éditions Glénat, il a forcément fallu faire preuve de persuasion. Quand l’immense majorité des skieurs de randonnée vont en Norvège, parler d’Iran, de Pakistan, ou encore d’Ouzbékistan, ce n’était pas forcément le plus vendeur. Mais finalement la matière était là, et l’envie débordante. 

Ce livre vous emmènera, à travers mots poétiques et photos inédites, dans un grand voyage hivernal découpé en 19 séjours singuliers. Il vous invite à prendre le temps. Il livre un récit d’inspiration sur chaque destination, ainsi qu’une partie pratique permettant de se projeter dans le début de l’organisation. Enfin il propose quelques itinéraires, accompagné d’un QR code permettant de télécharger des traces GPS

Ce livre vous emmènera
dans un grand voyage hivernaL
à travers le monde

En Europe, vous découvrirez l’Ubaye, mais aussi l’Alta Strada, en Corse, les Dolomites, en Italie, l’Albanie, le Kosovo, la Grèce ; du Bosphore, vous explorerez la Turquie, le Liban, la Géorgie, l’Iran, et l’Arménie ; en Asie centrale, vous skierez en Ouzbékistan, au Tadjikistan, au Kirghizistan, au Kazakhstan, et en Chine ; aux confins du continent asiatique, vous parcourrez la Sibérie, l’Inde, la Mongolie et le Pakistan.

Ensemble, chaussons les skis pour partir à l’aventure sur des neiges immaculées qui ouvrent les portes de nouveaux mondes à inventer, à explorer. 

Au Kosovo. ©Shams Eybert-Berard

©Shams Eybert-Berard

Au Kosovo. ©Shams Eybert-Berard

Les Balkans : Albanie et Kosovo

« Lors de cet hiver particulièrement glacial dans les Balkans, après une traversée de la mer Adriatique quelque peu mouvementée, nous mettons le cap à l’est vers le lac d’Ohrid. 24h après avoir mis le pied sur le sol Albanais, nous descendons à ski le versant ouest du Pllaja e Pusit, qui surplombe Pogradec et le lac d’Ohrid. L’accès à la montagne par de petites pistes reliant les villages de fermiers est chaotique, mais typique. La rencontre avec un troupeau de moutons qui ne compte pas se pousser pour libérer la piste, nous fera perdre plus d’une heure, mais nous propulse dans le voyage de la plus belle des manières. »

Dans ces montagnes déjà bien fréquentées des skieurs occidentaux, la majorité des sorties se font à la journée. Quelques guides ont déjà pu réaliser quelques traversées, mais peu d’infos sont disponibles. Il reste mille et une traversées à imaginer, construire et bien sûr réaliser. Dans des montagnes géographiquement proches de chez nous, l’aventure est à portée de main, il suffit juste de prendre le temps. Cet hiver, nous y retournons pour tenter de traversée l’intégralité des alpes dinariques entre les montagnes du nord de l’Albanie, le Monténégro et enfin l’ouest du Kosovo.

L’Ouzbékistan. ©Shams Eybert-Berard

Les jeunes Ouzbeks apprennent à faire du ski. ©Shams Eybert-Berard

 ©Shams Eybert-Berard

Ouzbékistan

« Le réveil à Boukhara est enchanteur. Nous nous éveillons dans une cité magnifiquement restaurée, où madrasas, mosquées et minarets se partagent le devant de la scène. Les couleurs ocres des pierres, associées aux bleues des céramiques, apaisent toutes mes craintes, je découvre enfin l’Ouzbékistan comme je l’avais rêvé. Le minaret et la mosquée Kalon, accaparent toute notre attention, mais en se retournant, c’est la madrasa Mir-i Arab qui nous éclate aux yeux, haute et majestueuse, escortée par ses deux dômes. Les céramiques créent un imbroglio de couleurs ocre, bleue, verte, le tout surplombé par d’immenses coupoles d’un bleu turquoise profond…

Nous ferons une de nos plus belles journées de ski, au cœur d’une magnifique combe suspendue, pente parfaite, recouverte d’une poudreuse légère. Un ancien du village nous dit n’avoir jamais vu de ski de sa vie, c’est chose faite, et avec la manière. Ici tout reste à faire, et plusieurs villages parsèment le paysage. Un peu d’audace, de langue russe et un brin de chance – ou un bon prestataire local –, permettront aux prochains de réaliser un beau raid à ski en itinérance. »

L’Ouzbékistan reste pour moi un de mes plus beaux voyages à ski. Nous avions pris le temps, plusieurs semaines dans la zone, avec un groupe réduit en nombre. Nous jouissions donc d’une très grande flexibilité. L’âme aventureuse, nous sommes allés dans des massifs inconnus, sans aucune information. Loin de nous l’envie de faire des exploits, nous voulions juste jouer aux explorateurs. Nous sommes donc allés skier aux portes du désert du Kyzilkoum, ou encore dans les montagnes à l’est de Chakhrisabz. Ce fut une découverte incroyable, d’une zone regorgeant de possibilités à ski. Un autre guide français, bien connu pour ses voyages d’aventures, y est d’ailleurs allé un an après y faire un voyage à ski.

Un Pakistanais. ©Shams Eybert-Berard

Au Pakistan. ©Shams Eybert-Berard

Le Pakistan. ©Shams Eybert-Berard

Pakistan

« Sur place nous avons donc rendez-vous au village de Raminj avec des amis de la famille. Perdu au fond d’une profonde vallée, le village compte 10 maisons, sans eau et sans électricité. Ici on vit au rythme du moulin à farine, de la traite des vaches et du caquètement des poules. Ambiance du bout du monde garantie… Plus connus pour ces expéditions, avec des files de porteur ininterrompues, ces massifs se prêtent finalement bien au ski plaisir. Il y a beaucoup d’accès routiers hauts en altitude, et une multitude d’itinéraires envisageables.

Depuis le haut col frontalier du Khunjerab par exemple, même s’il est théoriquement autorisé de s’y balader, nous avions l’interdiction formelle d’y faire du ski. Bloqués au poste militaire sous-jacent, et après d’innombrables coups de téléphone et au bout de plusieurs heures d’attente, un officier à des milliers de kilomètres de là, nous permit de passer. Accompagnés d’un militaire, kalachnikov à l’épaule, nous nous engageons sur les glaciers bordant la route à 4700m d’altitude. Ici les hautes montagnes et les glaciers s’épandent à perte de vue, dans une ambiance incroyable. C’est le plus haut col frontalier au monde, les yacks et ibex y parsèment le paysage. »

L’envie de skier au Pakistan doit être liée à mes gênes, ayant des arrières-grands-parents pakistanais. Mais aussi et surtout car j’avais compris qu’au pays des expédition monumentales, il était possible de faire du ski plaisir, du ski que l’on ferait avec un groupe de clients. Où l’on partirait le matin de notre maison d’hôte, pour y revenir l’après-midi discuter avec les habitants, regarder un bouzkachi*, et converser de tout et de rien un thé à la main. Et la conclusion c’est qu’on peut le faire, et que le pays s’y prête parfaitement.

*Le bouzkachi est un jeu équestre typique d’Asie centrale. Rendu célèbre par le livre « Les cavaliers » de Joseph Kessel. Pour faire simple, les cavaliers se battent pour ramener une chèvre décapitée dans un cercle à l’autre bout du terrain.

Pour aller plus loin

L’ouvrage est disponible en librairie et sur le site internet de Shams Eybert-Berard. Vous y trouverez également toutes les informations pour les prochians séjours et la marche à suivre pour « monter » votre propre projet.