Piège à clic, n.m, appelé vulgairement putaclic ou pute à clics, est un néologisme péjoratif désignant un contenu Web qui vise exclusivement à attirer le maximum de passages d’internautes. Dans cette optique il s’appuie en premier lieu sur un titre racoleur, voire mensonger et sur des éléments sensationnels, émotionnels au détriment de la qualité ou de l’exactitude (avec un basculement possible vers les fake news). Source Wikipedia.
Bougres de lecteurs exigeants et attentifs (on ne vous imaginait pas autrement), c’est le terme employé par certains d’entre vous pour qualifier le titre de notre article consacré à l’ascension d’Elisabeth Revol à l’Everest ! Reprenant une citation de Catherine Destivelle, que nous avons interwievée à ce sujet, le titre détonnait dans le paysage médiatique en raison de son caractère distant, « une belle perf ‘ mais pas une première ».
Admettons que ce titre voyait le verre à moitié vide, admettons. Mais, tout en reprenant des propos avérés et en ne véhiculant aucune fausse info ni terme racoleur, force est de constater qu’il vous a gêné. J’avoue y avoir vu, dans un premier temps, une tempête dans un verre d’eau. Voire les affres de l’emballement habituel des réseaux sociaux. Mais il fallait vous écouter. Vous lire et lire ce qui se disait ailleurs justement, à propos de cette ascension de l’Everest, doublée du Lhotse quelques heures après notre publication.
Alors oui, notre article détonne de l’ambiance générale qui se veut conquise, voire béate disons-le, à l’égard de cette ascension. Il me semble qu’il y avait dans ces réactions joyeuses, la conséquence d’une sympathie pour l’alpiniste, suite à son sauvetage au Nanga Parbat, plutôt qu’un réel regard sur sa réalisation. Pourquoi pas.
Faut-il préférer l’annonce non vérifiée de l’exploit ?
Céder à l’admiration béate
et titrer dans l’emphase, une autre forme de putaclic ?
Tout bienveillants que nous sommes à Alpine Mag (nous avons donné la parole à Elisabeth ici, raconté l’histoire d’Urubko son sauveteur là, et suivions déjà l’alpiniste drômoise quand Alpine Mag n‘existait pas encore…), nous ne pouvons pas nous empêcher d’aller voir plus loin que le bout de notre nez, même quand il flaire la belle affaire. La belle affaire parce qu’une alpiniste sans oxygène au sommet de l’Everest, c’est d’emblée une belle histoire, a fortiori lorsque celle-ci revient en Himalaya après un épisode douloureux et encore frais. Mais c’est aussi une foule d’éléments à vérifier. Pour ne pas relayer des âneries et verser dans la fake news. Surtout dans le contexte du grand cirque himalayen, chapiteau Everest.
Alors quid de son utilisation, ou non, d’oxygène ? Quid du déroulement de son ascension au milieu de 200 autres prétendants, en file indienne sur le toit du monde ? Quid de l’enchainement sur le Lhotse qui donne une autre dimension à la réalisation et renforce le statut d’alpiniste hors-norme d’Elisabeth Revol ?
Faut-il préférer l’annonce pompeuse mais non vérifiée de l’exploit ? Céder à l’admiration béate et titrer dans l’emphase (une autre forme de putaclic) ? Ou n’est-il pas préférable de passer quelques temps pour d’austères journalistes, tendance rabat-joie, et féliciter l’alpiniste tout en listant les points à vérifier auprès d’elle ? On a choisi notre camp.
En attendant, c’est à la terrasse de notre bistrot d’après boulot (le bar de la Meije, évidemment) que l’on a trinqué à la santé de « Eli » Revol et son équipe. Une himalayiste qui revient d’en haut, c’est déjà une excellente raison de descendre plus de bière qu’il n’en faut.
Santé bonheur amis lecteurs.