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Guillaume Pierrel et Mike Arnold ouvrent le bal au mont Blanc du Tacul

Combo Chéré-Contamine en ski-alpinisme

Guillaume Pierrel à skis dans la Contamine-Negri, le 24/09. ©Jocelyn Chavy

Septembre réserve parfois de belles surprises dans le massif du Mont-Blanc, dès les premières chutes de neige. Au Tacul, Mike Arnold et Guillaume Pierrel sont montés par la goulotte Chéré, avant de chausser les skis pour descendre la goulotte Contamine-Negri ! Pour un 24 septembre, on peut dire que c’est une belle reprise, un début d’hiver (?) en fanfare, épicé selon les protagonistes. Reportage live.

Il est à peine dix heures du matin, et le sérac à gauche du Tacul déverse une belle tranche de glace et d’énormes débris dont les plus gros sont de la taille d’un congélateur, le tout à cinquante mètres des cordées qui montent à la pointe Lachenal. Le souffle de l’aérosol rafraîchit l’atmosphère, de même que la motivation de deux promeneurs, sans corde ni baudrier, qui voient les morceaux de glace s’arrêter à leurs pieds. Le problème, c’est que le sérac en question borde la Contamine-Negri, la goulotte que veulent descendre Guillaume et Mike. Et que la chute de séracs a « un peu » arrosé la goulotte inférieure que veulent emprunter à skis les deux compères.

Guillaume Pierrel a signé l’une des plus belles ascensions en Himalaya de l’année avec trois amis, ils ont réussi le Gasherbrum II, sans oxygène ni porteurs, et la première descente à skis par l’éperon des Français (1976). Comme Guillaume, Mike Arnold est guide de haute montagne. Américain, il vit dans la vallée d’Aoste.

Le mont Blanc du Tacul et son triangle. ©JC

Le triangle du Tacul et le combo goulotte-ski. En rose, la Chéré. En jaune, la Contamine-Negri. ©JC

Guillaume Pierrel remonte la goulotte Chéré, option speed climbing. ©Jocelyn Chavy.

Un joli combo : goulotte Chéré à la montée, Contamine-Negri à la descente.

Il faut croire que Guillaume Pierrel n’a pas assez skié – ou porté des skis à la montée dans des voies raides – cet été, puisqu’à peine celui-ci achevé, il a eu l’idée de cette combinaison au Triangle du Tacul (environ 4000 mètres) : montée par la goulotte Chéré, et descente à skis par la goulotte Contamine-Negri. Un joli combo ski-alpinisme, dont la descente a justement été inaugurée en septembre également, en 1977 par Jean-Marc Boivin et Yves Détry. Sur le papier, la Chéré (D, 85° max) n’est qu’une formalité, alors que la descente de la Contamine-Negri (AD+, 55°) garde une (grande) part d’incertitude à cette saison : les chutes de neige du début de semaine ont-elles vraiment été suffisantes pour regarnir les sections verglacées ? Verdict deux trois heures plus tard.

Guillaume Pierrel ©JC

La cordée au sommet du triangle, sur fond de Jorasses ©JC

Le goulet supérieur de la Contamine-Negri. Vous avez dit raide ? ©Jocelyn Chavy

Guillaume Pierrel (en rouge) et Mike Arnold (corde verte) dans la goulotte supérieure de la Contamine. ©Jocelyn Chavy

Guillaume Pierrel et Mike Arnold dans la partie inférieure de la Contamine-Negri. ©Jocelyn Chavy

La neige était très variable, de la poudreuse, de la croûte, un peu de tout. Guillaume Pierrel.

Septembre sauvage

Le haut de la Chéré n’était pas tracé, ce qui a (un peu) ralentit la cordée. Chaussage des skis au sommet du triangle du Tacul, premiers virages plutôt tranquilles avant le goulet supérieur. Environ 55°, étroit. Pour une première descente de la saison, ce n’est pas cadeau. Et finalement, ça passe, même si pour le ski plaisir, il faudra repasser. « La neige était très variable, un peu de poudreuse, un peu de croûte, un peu de tout.. » explique Guillaume, « ce qui a rendu la descente, disons, intéressante ! » Après le goulet de départ la pente s’atténue un peu mais toujours pas l’exposition, avec en-dessous des skieurs le monstre sérac qui éternue, le long duquel la goulotte inférieure permet le passage. Là aussi, ça passe skis aux pieds, bâtons sur le sac et avec le piolet en main, on est en septembre, tout de même. De l’autre côté de l’objectif, je souffle un coup.

Au final, le Tacul a réservé un joli combo de « vrai » ski-alpinisme, à la Boivin, un peu « spicy » confie Mike Arnold. Septembre sauvage, dirons-nous.

Le monstrueux sérac. ©JC

Mike Arnold, un américain à Cham’ ©JC

Le tracé de la Contamine-Negri. ©JC

Glace qui affleure dans le bas de la Contamine. Dans quelques minutes ils seront à l’abri. ©JC