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Cause toujours !

On voudrait nous faire croire, nous vendre, la montagne comme un lieu de loisir neutre où règnerait le consensus, loin des affres du bas monde.
Je ne crois pas à l’image, à mon avis naïve mais que je respecte, de sommets immaculés et sur lesquels nous serions nous aussi blancs comme neige, sans opinion, réunis par la seule beauté des lieux, dans une communauté de pensée universelle scellée par la géologie. Laissons cela aux slogans de cartes postales et de réseaux sociaux.

L’histoire percute la géomorphologie depuis que les hommes parcourent la montagne. Les pics se teintent des couleurs qu’on leur prête et elles sont nombreuses.

L’histoire percute la géomorphologie

On se souvient des rapports de force entre les riches anglais et les modestes agriculteurs-guides de la vallée de Chamonix, aux prémices du tourisme dans le Mont-Blanc ?
Faut-il rappeler les drapeaux plantés au sommet des géants himalayens à des fins géostratégiques, dans le monde patriotique d’après seconde guerre mondiale ?
Qui n’a pas vu un acte politique dans la conquètes de Nirmal Purja ?

Plus proche de nous, qui ne voit pas les influences néo-libérales dans le milieu du sport outdoor et de son imagerie du dépassement ou de l’investissement de soi* ?
Sans oublier les revendications politiques ou humanitaires déployées chaque été au sommet du mont Blanc à force de banderoles et de slogans.

Les noms eux-mêmes, et leurs changements, sont significatifs. Le mont McKinley en Alaska, baptisé du nom d’un président américain a retrouvé son nom indigène, Denali, en 2015. Quant au pic Lénine au Tadjikistan, il a été renommé lui aussi pic Abu Ali Ibn Sina en 2006.

Nourriture pour esprits non lyophilisés, en bivouac sous le Chardonnet. ©Jocelyn Chavy

écharpons-nous, gentiment mais fermement !

La politique et l’acte politique sont partout. On les retrouve dans votre travail, dans ce que vous mangez, dans les films que vous regardez, dans les bars que vous fréquentez, dans les fringues que vous achetez et… dans les montagnes que vous grimpez.

Et même si le débat n’est pas votre passion, vous n’en pensez pas moins !
La montagne n’est pas un dîner de famille où mamie demande de ne pas parler politique, pour ne froisser personne. Alors écharpons-nous, gentiment mais fermement !
Mieux vaut une désagréable franchise qu’une douce hypocrisie. On en parle ?**

 

* A lire, l’article du magazine Usbek et Rica : Comment sortir de la civilisation en « mode projet »
Ou pour les plus réveillés, sur Open Edition Journals : Du management de soi à l’investissement de soi. Remarques sur la subjectivité post-néo-libérale.

** Pour ceux qui douteraient encore de l’importance du débat, même au sein d’une magazine de montagne, notre rubrique Société devrait apporter quelques lumières. Tout comme celle Science & Environnement où les points de vue sont importants. Et bien sûr, L’Édito.