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La Folie des Hauteurs, 14 histoires de montagne

Il est huit heures du matin, il fait frais dans les pierriers de l’Oisans. Au-dessus de nos têtes : celle, orange vif du Rouget. Encordé avec Jean-Marc Rochette, nous voici en train de gravir le pilier Chèze avec Lionel Cariou, qui trimballe en tête de cordée son micro HF en plus de son jeu de coinceurs à cames. Habitué à capturer des sons en reportage, le journaliste, aujourd’hui rédacteur en chef de France Bleu Isère, a décidé d’interviewer le dessinateur le plus célèbre des Alpes sur un sommet pointu. Ce sera l’objet d’un reportage et d’un épisode du podcast La Folie des Hauteurs.

Diffusé par France Bleu, produit par Radiofrance, la Folie des Hauteurs égrène depuis quatre saisons les histoires de montagnes les plus renversantes les unes que les autres : une cartographie des plus beaux huluberlus de la montagne. Le livre la folie des hauteurs prend le parti de raconter des histoires de montagne du point de vue des protagonistes, avec les paroles des témoins que Lionel rencontre pour chaque épisode. Il était temps d’en faire une sélection, qui, si elle reprend les histoires des podcasts, donne à lire et à comprendre le contexte. Catherine Destivelle en solo aux Drus, Boivin qui saute de l’Everest en parapente, et même le scalp du Yéti : quatorze histoires, clin d’oeil aux 14 x 8000 ?

Surtout, la folie des hauteurs livre les coulisses de ces reportages. Sur les contreforts du Vercors drômois, c’est Alain Robert qui se confie. Lui qui a accumulé des dizaines de voies dans le 7 et dans le 8ème degré en solo, sans parler des 170 buildings dont il s’est fait une spécialité et qui l’a rendu célèbre dans le monde entier, il se dévoile enfin : « J’étais un enfant très peureux, très chétif, très timide, qui n’était pas bien dans sa peau et qui rêvait d’être D’Artagnan, Zorro et tout ça. C’est toute l’histoire de ma vie : j’ai grimpé, c’est un peu du hasard. Je voulais juste être courageux en définitive. Ça s’arrête là. »

J’étais un enfant très peureux, très chétif. Je voulais juste être courageux. Alain Robert

La folie des hauteurs, Lionel Cariou, Ed. Paulsen 2024

 

Des récits marquants, il y en a d’autres, fruits parfois de rencontres passées comme celle avec Nadir Dendoune, interviewé alors que l’auteur était en poste en Seine-Saint-Denis, peu après l’ascension du « Tocard de l’Everest» comme s’était lui-même surnommé Nadir. Qui lui confie, dix ans plus tard, qu’il «avait des parents qui avaient des rêves de pauvre » ; lui voulait des «rêves de riche» et a bidonné sa liste de course pour aller à l’Everest sans avoir jamais mis de crampons. Plus d’une douzaine d’années plus tard, Nadir Dendoune avoue que l’ascension de l’Everest -rêve trop grand mais accompli – lui apporte encore satisfaction. Que « sa rage et sa colère » sont passés. Que le temps lui a permis de comprendre que « le vrai Everest, c’est dans la vie de tous les jours, de faire en sorte de vivre des petits bonheurs. »

Parce qu’il est truffé de mots, d’histoires qui sortent de la bouche des protagonistes, le livre la folie des hauteurs donne à lire quelques belles tranches d’altitude, version très humaine, et quelques bonnes raisons qui expliquent la folie d’aller là-haut. Lecture vivifiante, donc vivement conseillée.

 

 

 

En partenariat avec Alpine Mag, retrouvez les épisodes du podcast la Folie des hauteurs ici et sur le site de France Bleu.