Trail : l’UT4M, dix ans de mise en lumière des quatre massifs autour de Grenoble

C’est une sensation dont on ne se lasse pas, en balcon sur les montagnes à 360 degrés. Au crépuscule, quand le soleil disparaît derrière la barrière Est du Vercors, les lumières de la métropole grenobloise illuminent la vallée. C’est une des récompenses de celles et ceux qui courent l’UT4M 160, ces milliers de lumières deux mille mètres plus bas. Là-haut, les crêtes sauvages du Taillefer sont encore caressées par les lueurs du soir, tandis que la fraîcheur tombe. Cette année marque les dix ans de l’Ultra Tour des 4 Massifs, l’ultra trail de Grenoble. Ou plutôt les courses UT4M, car les formats sont variés, pas moins de douze courses du 20 km à l’ultra.

Mais avec cet ADN bien particulier qui fait de Grenoble une métropole qui attire …les passionnés de nature, d’outdoor, et bien sûr, de ski de rando. En 2013 Grenoble voyait naître cette idée un peu folle, celle de relier les quatre massifs autour de la ville : Vercors, Taillefer, Belledonne, et Chartreuse, dans l’ordre dans lequel ils sont parcourus. Chacun recèle ses sentiers, et son caractère singulier : le calcaire du Vercors (et de Chartreuse), les pentes immenses du Taillefer, les pins à crochets et les lacs de Belledonne, les forêts profondes du Sappey-en-Chartreuse. Difficile d’imaginer terrain plus varié, sans oublier la ville à quelques encablures. Grenoble paraît si loin, ou si proche, selon votre accoutumance au dénivelé – qui s’accumule rapidement !

L’UT4M dans le Vercors, sous le Moucherotte ©JC

Sur les crêtes du Vercors, deux mille mètres au-dessus de Grenoble : un territoire de trail exceptionnel. ©JC

Sébastien Accarier, le fondateur de la course, tient à le dire : « l’Ut4M est une course de montagne, un trail de montagne. On monte jusqu’à 2500 mètres d’altitude. Le chiffre 4, ce n’est pas pour rien : ce sont quatre massifs vraiment différents, quatre univers. Les coureurs peuvent voyager dans quatre univers différents en une seule course ! Ce qui interpelle les coureurs et qui fait la spécificité de la course. Et en même temps, c’est le seul trail de montagne qui démarre et arrive dans une métropole ! Cela le distingue de tous les autres trails et ultras qui ne sont pas dans un secteur urbain tel que Grenoble. C’est de la vraie montagne, les coureurs découvrent vraiment des massifs et des terrains montagneux, mais ils bénéficient en plus de tous les attraits d’une grande métropole. Il y a aussi la facilité à venir, par exemple en trois heures en train depuis Paris. Si on veut courir et qu’on est Parisien, je crois bien que Grenoble est la première destination ! »

Comment l’esprit particulier de cette course a-t-il vu le jour ? « J’étais coureur de raids multisports puis je me suis focalisé sur l’ultra. J’ai augmenté mes distances et j’ai découvert pas mal de sentiers ici, en m’entraînant. De fil en aiguille, j’ai voulu proposer certains terrains que je trouvais exceptionnels à d’autres personnes. Avec des amis, nous avons monté ce projet qui est devenu l’Ut4M, avec une première édition en 2013. Aujourd’hui j’ai passé la main, c’est l’association Grenoble Outdoor Aventure qui organise l’événement, dont le président est Claude Deladoeuille. » Dix ans après la première édition, la course a évolué, tout en continuant à proposer plusieurs formats.

Descente de Belledonne sur la vallée grenobloise ©JC

Des formats, quatre massifs

« Cette année, on a fait évoluer le parcours dans le massif de Belledonne pour le 20km et 80km challenge », explique Sébastien Accarier. « Les coureurs vont emprunter la toute nouvelle passerelle himalayenne sur la station de Chamrousse. Surtout, le parcours les emmène à nouveau sur le col de Freydane, c’est un grand moment, très minéral, très typé montagne. » Un lieu exceptionnel, où les coureurs frôlent la face nord du Grand Pic de Belledonne (2977 m), sans doute l’un des lieux les plus proches de la haute montagne que puissent fréquenter des coureurs au raz du glacier de Freydane, avant de plonger sur le magnifique lac Blanc.

« Pour le départ du 160 Xtrem, le 21 juillet, on a avancé le départ de plusieurs heures, à 9h, donc le parcours sera vécu différemment des dernières éditions. Ce qui se faisait de jour avant se fera désormais de nuit. La Croix de Chamrousse se fera de nuit par exemple, en pleine montagne, avec une vue imprenable… » sur les fameuses lumières de la ville. Last but not least, l’arrivée se fera en hyper centre, place Victor Hugo, avec toutes sortes d’animations pour les familles, dont un mur d’escalade et un marché de producteurs locaux.

Depuis Belledonne, le Grésivaudan et en face, le prochain massif, la Chartreuse ©JC

Respect de l’environnement 

Que répond l’organisation face aux craintes environnementales quant à l’événement et au passage des traileurs ? « L’organisation a beaucoup travaillé sur le sujet de la mobilité » explique Sébastien Accarier. « Nous voulons lutter contre ce que nous appelons « l’autosolisme ». Navettes coureurs, accords avec Citiz autopartage, 40 % de réduction sur les billets SNCF, libre circulation pour les coureurs et les bénévoles sur le réseau de transport en commun TAG de la métropole grenobloise… Tout cela pour réduire l’utilisation des véhicules individuels. À savoir également, des navettes familles et accompagnants leur permettront d’accéder à certains sites en altitude. Ensuite nous pensons à la protection des sites traversés. Cela passe par la sensibilisation des coureurs et du public. La course passe sur des sites Natura 2000, traverse des zones sensibles avec une flore et une faune fragiles. Nous veillons au tri des déchets sur les postes de ravitaillement. Après les épreuves nous récupérons bien sûr nos balises réutilisables et on rend le site aussi propre qu’on l’a trouvé. Respect de la montagne, et des autres usagers ! »

Fin de la partie chartrousine à l’arrivée à la Bastille ©JC