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Skier en France ? Mais c’est possible !

Non, je ne vous parle pas des joies du ski de randonnée, que nombre de néophytes découvrent cet hiver, ou du ski de fond, qui est le truc le plus tendance en station depuis l’invention de la raclette. Je ne vous parle pas non plus de la piste que j’ai faite dix fois cet hiver, à la montée bien entendu. Car comme nombre d’entre vous, j’ai découvert, oui, découvert, la transpiration sur pistes de ski (en montant, donc). Non, je ne vous parle pas des kids en ski-club qui peuvent emprunter la seule remontée ouverte de Tarentaise. Je ne vous parle pas non plus de faire du ski-diesel à Courchevel. Je vous parle de skier, vous, en payant un forfait, d’emprunter une remontée mécanique, et de skier, disons, en descente, pour faire court ! C’est possible en France ? Mais oui.

Skier en payant un forfait, c’est possible. Si, si.

Dans le Jura, la station transfrontalière de la Dôle (Jura sur Léman) a cette particularité d’avoir ses pistes en Suisse, mais son parking (celui des Dappes) en France : le préfet a bien fait fermer le site, mais le tribunal administratif vient de donner raison aux Helvètes propriétaires des lieux, et surtout aux skieurs frontaliers (français) qui peuvent y skier et en revenir sans amende en présentant au choix un certificat de résidence à moins de 30km ou un test PCR. Et promis, pas plus de cinq cent bagnoles sur feu le parking de la discorde, quelque soit leurs plaques d’immatriculation. Bref le ski c’est d’accord, à condition, est-il précisé, de respecter la distance de 1 mètre 50 (rires dans la salle) ! Cerise sur l’hypocrisie : la société qui exploite les remontées suisses, la Sogestar, est française. Magnifique, non ?

Skieurs respectant la distanciation sociale dans la Vallée Blanche (à moins qu’ils ne se dépêchent de remonter au Skyway)… Photo archives ©JC

Autre bonne nouvelle pour les skieurs passionnés, ou feignants, que nous sommes tous, ou que nous avons été pour l’apprentissage du ski : depuis le 11 février le téléphérique au départ de Courmayeur, le Skyway, a réouvert. Le 14 février, vous pouviez même partager avec votre moitié l’expérience du Skyway avec un « apéritif alpin » au Pavillon à 2173 m. Décidément, non seulement les italiens sont plus romantiques que nous, mais en plus d’être capables d’ouvrir un télé, on peut y boire un coup ! Mais depuis le sommet du télé, à la Pointe Helbronner (3462 m) devinez de quel côté vont s’amuser la majorité des skieurs, ou les alpinistes ? Dans la vallée Blanche, ou Noire, la combe Maudite, bref, en France, du côté où opèrent les secours …français.

si vous voulez skier en France, empruntez les remontées mécaniques italiennes ou suisses.

Avec ces deux exemples, il ne faudrait quand même pas se réjouir de voir que le dieu Pognon a vaincu là où le bon sens a perdu (et le préfet du Jura aussi). J’y vois surtout l’incapacité des États (et surtout du nôtre) à régler ces détails, provoquant des conflits aussi kafkaïens que minuscules. Pour la protection du massif du Mont-Blanc, prévoyez encore plusieurs décennies. Mais je m’égare : ces deux exemples si frappants de l’Absurdistan actuel – qui engendre le bannissement du ski alpin – laissent pointer une lueur d’espoir quant à la liberté de pratiquer un sport en plein air, fut-il onéreux.

En attendant, si vous voulez skier en France ou depuis nos belles montagnes, empruntez les remontées mécaniques italiennes ou suisses.