Avez-vous déjà jeté un œil à l’intérieur d’un fourgon de voyageurs ?
Avez-vous déjà suivi votre curiosité jusque dans les sacoches d’un cycliste à l’itinérance au long cours ? Ou dans le sac à dos d’un baroudeur sans date de retour ?
Tout n’est que rangement, rigueur et minutie. On pourrait croire à l’inverse, au fatras, mais non, le ton est à l’ordre.
C’est une histoire d’espace.
Chaque chose a sa place. Tout est calé avec précision. La brosse à dent ? Deuxième caisse, à droite, sous le lit. Au début du voyage, l’espace restreint dicte sa loi, on le subit et ça nous crispe. Il faut faire des choix, comme si partir n’était que sacrifices. Mais on aurait aimé prendre ça. Et aussi ça. Alors on plie, on imbrique, on force, on proportionne. Puis le changement de logique opère, c’est ce pourquoi on est parti finalement. On (re)découvre que le bonheur n’est pas lié au volume qu’on occupe sur Terre, on réduit allègrement ce que l’on possède, ce qu’on accumule et on se dit qu’il n’y a rien d’essentiel, du moins pas grand chose. On s’allège puisque c’est sa vie que l’on porte. C’est un des bonheurs du voyage qui dure, s’alléger, donner ce que l’on a en trop et prendre conscience que sa vie tient dans la cohérence d’un mètre cube, parfois moins. La perte se fait gain. Les sacrifices du départ, des bonheurs de délestage.
Il n’empêche, il faut bien vivre avec si peu de place.
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