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Qui étaient les crétins des Alpes ?

Nanisme, hypertrophie de la glande thyroïde qui peut atteindre la taille d’une courge, traits épatés, oreilles plates, teint olivâtre… Ces caractéristiques sont celles de ceux que l’on appela Crétins des Alpes et qu’on moqua à partir du 18ème siècle. Retour historique de Gérard Guerrier sur les causes et conséquences d’une telle infirmité.

Effrayante et mystérieuse au Moyen-Âge et à la Renaissance, la montagne devient à la fin du XVIIIe un nouvel Eden à l’abri des miasmes de la ville et de la société. Écrivains, peintres et premiers touristes célèbrent ainsi les alpages manucurés et les glaciers étincelants de cette nature sublime. 

Cette idéalisation se heurte cependant à un obstacle de taille : la réalité ! C’est ainsi que le jeune Edward Whymper, pétri d’une suffisance toute victorienne, décrit les enfants mendiants « malheureuses petites créatures qui pullulent tout le long du chemin comme des vers dans un fromage pourri. » ou encore les puces dont « l’intérieur des auberges fourmille, comme la peau des indigènes… » 

Illustration représentant les Crétins des Alpes, 1819. ©CC/Leopold Mueller

Mais il y a bien pire que les puces et les enfants en guenille : les goitreux et les crétins des Alpes que tous les voyageurs, de Stendhal à Victor Hugo, se plaisent à évoquer. 

Ces êtres difformes et débiles peuplent les villages alpins, qu’ils soient perchés sur les adrets ou nichés au fond des vallées obscures. Oubliez la virginité des glaciers étincelants ! Convaincu de sa supériorité, le voyageur devient naturaliste et