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L’étoffe des géants

Bibliothèque Alpine

Si vous ne connaissez pas Bernadette McDonald, vous devriez : l’ancienne boss du festival de Banff est surtout l’auteure de quelques classiques du journalisme et du récit de montagne, tendance historique. Voici l’occasion de découvrir les Géants dont elle parle : les alpinistes slovènes. Parue en 2017 chez Nevicata, cette saga de l’alpinisme slovène rejoint la bibliothèque Alpine.

Déjà auteure d’une passionnante histoire de l’alpinisme polonais (Libres comme l’air, éd. Nevicata), Bernadette McDonald a récidivé avec cette saga de l’alpinisme slovène. Ou devrions-nous dire yougoslave, un pays que les jeunes lecteurs n’ont pas connu. Un confetti du bloc de l’Est communiste, lui-même assemblage hasardeux de peuples slaves qui éclatera en guerres civiles au début des années 90. Pourquoi les alpinistes slovènes sont-ils si forts ? Ou pourquoi sont-ils si passionnés ? Comment s’est construite cette rage, cette volonté de gravir des parois démesurées en Himalaya ?

 L’étoffe des géants, Bernadette McDonald, Editions Nevicata. 334 pages, 22 euros.

Comment s’est construite cette volonté
des slovènes de gravir les parois les plus démesurées ?
B. McDonald donne des éléments de réponse.

Bernadette McDonald ne répond pas à la question, mais donne des éléments de réponse. Elle dresse le portrait de personnalités qui ont très fortement influencé des générations d’alpinistes slovènes, comme Nejc Zaplotnik, auteur d’un livre non-traduit, Pot, qui fut quasiment une bible pour nombre d’entre eux, tel le regretté Tomaz Humar. Imprévisible, fougueux et monstrueusement fort, Tomaz a disparu tragiquement au Langtang Lirung. Avant le travail de Bernadette McDonald personne ne savait l’influence de Zaplotnik sur son parcours. Avant Humar, et après les Britanniques des années 70, d’autres Slovènes reprirent le flambeau en Himalaya et la placèrent encore plus haut dans les années fin 70 puis 80 et 90.

Tentons un condensé de ces ouvertures en haute altitude, engagées, difficiles et la plupart non répétées : la face sud du Makalu, la face sud du Lhotse (en 1981), l’arête ouest de l’Everest, le pilier sud du Kangchenjunga, la face nord du Jannu, le Melungtse, la face nord-ouest de l’Ama Dablam, la face ouest du Nuptse, la face ouest du Bhagitahi III, la face sud-ouest du Shisha, la face nord du Gyachung Kang, la face sud du Dhaulagiri, un âge d’or où s’illustrèrent notamment la cordée d’Andrej Stremfelj et Marko Prezelj – qui est toujours actif. D’autres eurent moins de chance – comme Janez Jeglic, littéralement envolé sur la cime du Nuptse devant un Humar impuissant. Une saga dont les membres décimés ont écrit les pages de l’Himalaya de ces trente dernières années.