Escalade : on a testé la nouvelle gamme de chaussons La Sportiva avec James Pearson

Pour le lancement du Climb World Tour 2024 de La Sportiva, le rendez vous était donné à Saint-Gervais au Topo, nouveau repère de grimpeurs de la vallée de l’Arve. En arrivant, le stand d’essayage de chaussons s’installe doucement. Cela laisse le temps de faire un petit tour de la salle.

Salle new age pour chaussons No Edge

Construit sur trois étages, le Topo laisse de l’espace pour se défouler. Avec ses 2000 m2, une diversité de structures grimpables (voies, blocs, enrouleurs, jeux d’enfants) mais aussi des coins détente (yoga, chill, bistrot, salle de conférences), tout y est. Une salle new age, qui a ouvert ses portes en septembre 2023 sous l’impulsion d’Esther Larios Wiget, guide de haute montagne basée dans la région depuis maintenant 20 ans.

Que se soit les professionnels de la montagne venus pour leur entraînement perso ou les néophytes de l’escalade présents pour découvrir toutes les facettes de la discipline, on y croise du beau monde. Et qualité oblige, l’affaire fonctionne. L’équipe de la salle ne manque d’ailleurs pas de projets. Agrandissements, évènements en tout genre, le lieu a de belles années devant lui.

Le stand La Sportiva au centre de la partie voies du Topo . ©Johan Mazé

Le temps de faire chauffer les bras dans quelques blocs, le stand du fabricant historique de chaussons est finalement en place. C’est parti ! Cette seconde édition du Climb World Tour de La Sportiva a pour but de faire tester au plus grand nombre la refonte totale de la gamme de chaussons No Edge.

Semelles No Edge et pose de pieds

Mais alors le No Edge c’est quoi ? En bref, les chaussons de la gamme disposent d’une semelle sans carres qui s’ajuste parfaitement au bout du pied et s’adapte très précisément aux irrégularités des prises. Les sensations s’en trouvent alors modifiées.

Le grimpeur professionnel James Pearson, présent sur l’événement explique : « Au lieu de mettre toute la force sur une pointe minuscule, la semelle répartit mieux les efforts au bout du pied. Cela permet de grimper de manière plus fluide, intuitive et harmonieuse. » 

Pourquoi ? La démonstration est plutôt simple. Quand on achète des chaussons classiques, il faut un temps d’adaptation pour que les sensations au bout du pied deviennent efficientes. Il faut user un peu la gomme, arrondir les carres pour que le chaussons deviennent véritablement performant. Alors pourquoi ne pas fabriquer des chaussons aux carres déjà arrondies ?

Une technologie développée par La Sportiva depuis maintenant dix ans, qui selon les dires de ses concepteurs permet de faciliter les enchaînements à vue. Un avis que James semble partager malgré quelques nuances. « Cela permet de poser ton pied plus rapidement et moins précisément. Par contre, ce n’est pas véritablement ça qui va te faire enchaîner la voie. » tempère t-il.

Malgré tout, un chausson plus indulgent quant à la pose des pieds ça ne fait jamais de mal. Tous les grimpeurs pour qui venir gratonner des micro réglettes est un enfer, ou ceux qui tombent en crise d’angoisse dès lors que l’on évoque le mot « dalle », ne diront pas le contraire. Car c’est assurément plus facile de faire confiance en ses pieds quand les poser demande moins de rigueur. Mais alors que fait-on du dicton selon lequel bien savoir poser ses pieds est une des qualités premières d’un bon grimpeur ? Là est toute la question.

Nouveau design

Pour cette année, malgré quelques évolutions anecdotiques au niveau du talon et de la contrepointe, le Mantra, le Futura et le Genius ont globalement la même structure que leurs versions précédentes. Ce qui a surtout changé, c’est le design. La totalité de la gamme est maintenant identifiée avec une couleur unique.

Un blanc esthétique et unisexe qui donne une véritable identité à la technologie, tout en restant très épuré. A vérifier tout de même si cet effet simple et élégant n’est pas trop mis à mal par le temps et la poussière en bas des falaises. Le blanc, c’est classe mais ça se salit vite !

Genius.

Au-delà de la couleur, les trois modèles ont également changé de matière. Une composition en microfibre permet au chausson de ne pas trop se déformer dans le temps. Dans l’ensemble, cette nouvelle gamme respire la qualité et la durabilité qui caractérise la marque transalpine.

Un point d’interrogation demeure tout même autour du ressemelage. Car qui dit semelle spécifique, implique un ressemelage spécifique. Ainsi, seuls les ressemeleurs formé à cette technologie sont à même de ressemeler ces modèles. À vous d’en trouver un près de chez vous.

Nouveau modèle

Mais ce n’est pas tout : en plus de ce changement de design général chez les modèles existants, « La Spo » a également pondu un petit nouveau : le Mandala. Dernier né chez les « sans carres » , le Mandala est un pur chausson à tout faire.

Disposant d’une unique fermeture à scratch comme le Futura – un chausson qui n’est pas sans nous rappeler le Oasi ou le Iati de chez Tenaya – ce nouveau Mandala diffère tout de même de son grand frère par sa rigidité. Une rigidité qui apporte plus de soutien à l’ensemble du pied et le classe dans la catégorie des chaussons très adaptés à la falaise et à la diversité des profils qu’elle propose : déversants, verticaux, dalleux.

Si l’on reprend l’échelle de rigidité des chaussons de la gamme, le Mandala se classe alors juste au-dessus du Futura et largement en dessous du Genius caractérisé par ses lacets. En dernière position, on retrouve le très souple Mantra, la ballerine 2.0.

Le Mantra, ballerine 2.0. ©Johan Mazé

Confort, souplesse et légèreté

Dans le cadre du test organisé au Topo, c’est d’ailleurs cet indémodable Mantra qui a su conquérir le cœur des testeurs d’Alpine Mag. Logique, quand on sait que son domaine de prédilection se range du côté de l’escalade en intérieur et du bloc.

On soulignera tout de même le confort accru de ce nouveau Mantra. Même en cas de pied large, il s’enfile comme un gant et sans efforts.  Une fois au pied, il se laisse ensuite totalement oublier, léger comme une chaussette. Un confort qui fait office de fil rouge sur l’ensemble de la gamme. Car bien que respectant convenablement la règle du plus c’est rigide, plus ça fait mal, tous les chaussons essayés respectent l’intégrité du pied du grimpeur. Surtout s’il est large, ce qui n’est pas si courant.

En parlant de confort, il est important de préciser que la technologie No Edge incite le grimpeur à prendre une pointure de chausson plus proche de sa pointure de ville. Les sensations accrues et la précision n’étant plus un besoin vital – enfin on reste en escalade – inutile de se broyer les orteils.

En bref, pour reprendre les mots de James – essayez de le faire avec l’accent – cette nouvelle gamme de chaussons No Edge de La Sportiva est « carrément top ». Une conclusion simple et efficace qui parle d’elle-même. D’ailleurs, le grimpeur n’a pas attendu longtemps avant de repartir grimper des blocs avec ses enfants dans l’immense salle, une paire de Mandala aux pieds.

Pensez morphologie du pied !

Amis grimpeurs, gardez tout de même à l’esprit que pour pouvoir trouver chausson à son pied, le choix est avant tout une question de morphologie. Et ce n’est pas le prodigieux alpiniste allemand Fabian Buhl, présent également sur place pour un atelier intitulé « comment bien poser ses pieds en escalade »,  qui vous dira le contraire. « Il faut trouver ce qu’on aime. Pour débuter, si on arrive à le supporter, un chausson souple c’est le mieux. Cela te laisse une grande liberté de mouvement. Si ton pied est trop serré tu n’auras plus tout le débattement de ta cheville. » conseille t-il.

Caroline Ciavaldini, à la sortie de son atelier autour de la mixité choisie en escalade et de son association Grimpeuses ©NA

Pour tester gratuitement (prix d’entrée dans la salle) cette nouvelle gamme No Edge et venir rencontrer les athlètes du team La Sportiva, le Climb World Tour 2024 continue sa tournée dans les salles du monde entier jusqu’au 30 novembre 2024. Pour s’inscrire, rendez-vous sur la page web dédiée.