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Et toi, tu as déjà essayé la cascade de glace ? Initiation dans la vallée de Freissinières

Découverte de la cascade de glace dans la vallée de Freissinières mercredi 11 janvier, dans le cadre du Ice Climbing Ecrins. On ferme son casque, on ajuste son baudrier, on règle ses crampons, on se couvre bien… et on plante ses piolets dans des pétales ou de la glace « sorbet » ! En écoutant les conseils avisés des guides, bien sûr.

« T‘as déjà fait de la cascade de glace ? T’as quel niveau ? » « Et tu grimpes ? En salle, en falaise ? » « Et toi ? » Ces questions fusent en italien, en anglais et en français entre les différents journalistes qui forment un groupe venus tester la cascade de glace et en profiter pour essayer les chaussures La Sportiva près de L’Argentière-La Bessée. « Non, je n’ai encore jamais fait de cascade de glace, mais j’ai super hâte de découvrir ça », est ma réponse systématique, sourire aux lèvres.

La tour de glace de Fressinières, Hautes-Alpes. © Federico Modica

En prélude à l’Ice Climbing Ecrins qui se déroulait du 12 au 15 janvier dernier à L’Argentière-La Bessée, j’ai l’opportunité de découvrir l’escalade sur glace avec le team La Sportiva. N’en ayant jamais fait avant, je me suis laissée embarquer, direction la tour de glace de Fressinières, dans les Hautes-Alpes.

Météo un peu trop douce, les cascades de glace naturelles n’étaient pas en état pour nous accueillir. Et comme, en escalade glaciaire, tout est une question de conditions climatiques et de températures, ma première fois en cascade de glace ne s’est donc pas faite sur une cascade de glace naturelle mais sur la tour de glace de Freissinières.

Tour sur laquelle on projette de l’eau qui gèle en hiver. Plus il fait froid, plus la glace est dure et cassante ; lorsqu’il fait doux, la glace se fait humide et souple et est appelée « sorbet ». En ce mercredi 11 janvier dans les Hautes-Alpes, la glace artificielle est en état moyen mais nous permettra amplement de nous essayer à la pratique. Place à l’équipement !

Zoé, baisse tes talons !
Tu auras une meilleure accroche des crampons sur la glace

Une fois au pied de la tour de Fressinières, le petite groupe se retrouve à l’arrière du van pour s’équiper. Car il faut davantage de matériel que pour l’escalade en falaise : les cours d’eau gelés (et les tours de glace…) se grimpent à l’aide de crampons à pointes avant et de piolets. « Ce sont vos nouvelles mains », nous explique le guide italo-britannique, Pietro. On enfile nos pieds dans les chaussures La Sportiva G-Tech, témoignant du confort qu’elles offrent. Un baudrier et plusieurs couches de vêtements techniques finissent de compléter la tenue du  néo-cascadeur de glace. Sans oublier le casque d’alpinisme, option bonnet en dessous pour contrer le froid.

Première voie en cascade de glace. ©Federico Modica

Cet après-midi, on ne s’occupe pas d’équiper les voies, d’y placer les cordes, ni même d’assurer son compagnon de cordée. On doit se concentrer sur le placement de nos pieds et le coup de poignet si important en cascade de glace. L’autre information à avoir en tête est de transférer le maximum de son poids sur les pieds, le tout en étant plutôt relâché pour pouvoir observer la paroi et trouver les placements suivants. Pieds un peu plus écartés que la largeur du bassin, bras placés pas trop hauts – mais pas trop bas non plus ! -, talons toujours orientés vers le bas … « Zoé, baisse tes talons ! Tu auras une meilleure accroche des crampons sur la glace », me conseille Pietro.

Et, sans surprise, ça aide. Je fais confiance à mes crampons et mes piolets et je prends un grand plaisir à trouver des prises, à bien placer mon corps face à la glace. Étonnamment, le froid ne gêne pas pendant l’effort. La couleur si particulière de la glace, les écoulements d’eau qu’on aperçoit sur la voie, les conditions uniques dans lesquelles je découvre ce sport sont ce que je retiendrai.

Une autre grimpeuse débutante demande à Jonathan Crison, guide présent sur place, comment être assuré que le piolet est bien positionné et fiable : c’est grâce à un mouvement qui part du coude et finit dans le poignet que notre piolet sera bien ancré dans la glace. Ce petit mouvement sec de poignet, le swing, assure que les crans des piolets se soient fixés. On essaye de bien décomposer le mouvement et de sentir et comprendre chacun de nos gestes. Et on en discute, une fois en bas de la voie. « C’est marrant comme sensation ! C’est bien différent de l’escalade en salle ou sur falaise, même si la gestuelle et les muscles à mobiliser sont proches. » « J’ai l’impression d’être une alpiniste de l’extrême ! » « Puis tu réalises que tu es sur une tour artificielle, pas haute, et que c’est du béton en dessous [rires]. »

Après-midi discussions, explications, questions… ©Federico Modica

…et grimpe ! ©Federico Modica

On ne repose que sur deux ancrages, mais on est bien équilibrés

Alors que l’activité naît dans les années 1970 dans les Alpes pour les alpinistes de l’extrême, notre petit groupe de débutants s’amuse avec des inclinaisons progressives et quelques exercices donnés par Pietro : « Vous allez utiliser un seul piolet à la fois, et ne mettre de poids que sur la jambe opposée. Ça vous permettra de mieux appréhender le matériel et son utilisation. On ne repose que sur deux ancrages, mais ils sont stables et équilibrés. » Après cet exercice, on s’arrête un peu au pied de la tour pour s’inspirer des autres grimpeurs, confirmés. Mais toujours le casque sur la tête ! Des morceaux de glaces tombent souvent des voies… et, parfois, les piolets aussi ! 

Mais après sept voies réalisées, la néo-spécialiste de cascade de glace se pose une question : « J’ai grimpé à quel niveau ? » Vient la leçon des cotations en cascade de glace : « Il y a un système de cotation en deux données : on regarde la difficulté technique (de 1 à 7) donc la raideur, la qualité de la glace, son épaisseur. On cote la plupart du temps entre 3 et 5, avec les + et – comme en escalade », m’explique-t-on. La deuxième donnée porte sur l’engagement : de I à VII, on évalue la longueur des voies, l’exposition aux risques (que ce soit des chutes de glace ou des avalanches), mais aussi l’équipement des relais et la difficulté de l’approche.

Les bons conseils de Jo Crison… ©Federico Modica

….donnent le sourire ! © Federico Modica

La nuit est tombée et les muscles ont bien travaillé, on se retrouve tous au pied de la tour, réalisant que la cascade de glace est un sport véritablement physique, avec les mouvements de bras (de poignet !) pour bien positionner les crampons, le poids du matériel, la dose d’adrénaline qu’on a adoré ressentir. Il est temps de se déchausser, de poser les piolets et de rentrer au chaud discuter avec les athlètes de la marque, des sensations plein les muscles et des souvenirs plein la tête.

Comment grimper sur la tour de Freissinières ?

S’initier à la cascade, ou s’entraîner : la tour de glace de Freissinières est un superbe outil pour le plaisir de la glace.

Pour s’initier : En famille, seul ou entre amis, ces séances sont encadrées par un guide de haute montagne et ont pour objectif de faire découvrir la pratique de l’escalade sur glace en toute sécurité. Le matériel est prêté (sauf les chaussures spécifiques à la pratique – possibilité de pré-réservation à vos frais). Idéales pour les débutants à partir de 8 ans. Les séances sont maintenues à compter de 3 participants et auront lieu les mardis et vendredis de 18h30 à 21h30 sur réservation.

Pour s’entraîner : Accès aux grimpeurs autonomes maîtrisant la pratique de l’escalade sur glace et / ou du dry-tooling ainsi que les dispositifs d’assurance et de progression avec le matériel adéquat. Les grimpeurs ont la possibilité de progresser en 1er de cordée à l’aide des amarrages fixés sur la structure. Des relais sur chaînes sont placés au sommet de chaque voie pour une descente en pratiquant la moulinette.

Présentation obligatoire d’une assurance couvrant l’activité ou possibilité d’acheter sur place la carte découverte journée FFCAM à 5,50 €.L’accès se fait sur réservation les lundis de 14h30 à 22h00, les mardis, mercredis, vendredis, samedis et dimanches de 9h00 à 16h30.

Toutes les infos ici : Cascades Freissinières