1. Les nouveaux records sur le Toit du Monde. Le britannique Kenton Cool a gravi pour la dix-huitième fois l’Everest ce 12 mai. Un chiffre record pour un occidental. Le népalais Kami Rita Sherpa a pour la vingt-neuvième fois posé les crampons au sommet : record absolu. Point commun de ces deux recordmen ? Leur métier bien sûr : guide. Et l’argent qui compense le fait de refaire chaque année la même voie sur le même sommet, de passer cinq à sept semaines par an dans un camp de base où certains clients ne savent pas cramponner, au vu des reels d’école de glace sur les réseaux. Un camp de base où de surcroît, il est dangereux, selon les sherpas, d’avoir des relations intimes, sous peine de fâcher les dieux. Si, si.
2. Crans Montana est devenue officiellement propriété de Vail Resorts. Ou comment l’une des premières stations de ski suisse vient d’être avalée par le géant du Colorado, premier propriétaire de stations aux US et dans le monde. Prix déboursé par Vail Resorts ? 118 millions de francs suisses (en euros, ça ne fait que deux millions de plus). Pour ce prix, Vail Resorts possède les onze restaurants de Crans Montana, désormais gérée sur le modèle vertical des stations du groupe US, qui possède déjà 55% d’Andermatt. L’objectif de Vail ? Investir (comprendre : dans la neige de culture) et offrir plus de luxe à la clientèle internationale de Crans Montana. Bienvenue dans le monde d’après.
3. L’article le plus lu des deux dernières semaines sur Alpine Mag ? L’hommage à Patrick Berhault, le grimpeur étoile disparu il y a vingt ans. Les mots de Claude Gardien ont ranimé (ou embrasé) la flamme du souvenir, celle d’un grimpeur hors pair, un alpiniste qui serait aujourd’hui paysan plutôt que guide, artiste plutôt qu’ « athlète » et en aucun cas, « ambassadeur iconique » ou « créateur de contenu ». Berhault le virtuose, seul grimpeur qui refusa la compétition, tout en étant un des tous meilleurs. Et « le seul prof de l’ENSA qui daignait manger et grimper au pan de l’école avec ses élèves », selon le commentaire de l’un d’eux à la suite de l’article. Ciao Patrick.
Berhault et Boivin, période enchaînement Fou-Drus, sans Strava ni Insta mais avec un deltaplane. Boivin sauta de l’Everest en parapente en 1988. Berhault fut summiter en 2003. ©DR
L’Everest, le mont Blanc, Patrick Berhault. Dans le désordre.
4. [Spoiler Alert : ne pas lire ce qui suit si vous rêvez de faire le mont Blanc la semaine qui vient avec cette météo pourrie] Alpiniste américain résidant à Chamonix, Colin Haley a eu la bizarre idée de faire deux fois le mont Blanc par la voie dite « des trois monts », soit mont Blanc du Tacul, mont Maudit et mont Blanc, le tout avec son ami Ben Peters. Oui, vous avez bien lu. Une première benne et un premier mont Blanc par les trois monts, retour au Plan de l’Aiguille, et rebelote, une deuxième fois. Avoir deux bennes un samedi de beau temps étant déjà une performance étonnante, je vous épargne les dénivelés en chiffres. Mais ils ont raté la dernière benne pour descendre du Plan, quand même.
5. Climat : la palme du tableau idyllique revient au Dauphiné Libéré, et à son sous-marin « Mon séjour en montagne », site commercial à peine déguisé, avec ce titre aussi excitant qu’un forfait Mont Blanc Unlimited en promo : « Avec le réchauffement climatique il est possible de skier sous la glace dans certaines stations ». Youpi ! Et l’article de décrire comment les skieurs, dans la Vallée Blanche ou à Val Thorens, profitent de crevasses ou galeries sur et sous les glaciers. « De quoi affoler les réseaux sociaux », argumente Le Dauphiné, qui admet, in fine, que la fonte estivale pèse davantage que le remplumage hivernal. « Skieurs de la dernière chance », ça aurait fait un titre un peu provoc’.
Allez, on continue avec des bonnes nouvelles ici et là et des histoires de gars et de femmes formidables !