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Droit de réponse de Frédéric Aubry, du cabinet d’études Agrestis

Glacier de la Girose, sept. 20. ©Jocelyn Chavy

À la suite de notre dernier article consacré au dossier du troisième tronçon du téléphérique de la Grave, publié le 19 juillet, le cabinet d’études Agrestis nous a demandé de publier ce droit de réponse.

« Je tiens à réagir à votre article paru sur alpinemag.fr qui relaie les propos tenus par MM. Lavergne et Ibanez, dans leur rapport d’expertise et que je considère comme étant diffamatoires pour notre entreprise.
Ces propos vont bien au-delà du seul constat scientifique factuel qui serait attendu de la part des représentants de l’institution de recherche dont ils se prévalent et qui figurent en en-tête de ce rapport. Ils font en effet abstraction des méthodes d’inventaires mises en œuvre dans le cadre d’une étude d’impact et du périmètre de prospection considéré. Ces auteurs apportent un jugement sur la qualité de notre travail, en occultant ou en s’appuyant sur des traductions erronées des éléments de l’étude d’impact, du dossier d’instruction et des méthodes mises en œuvre. Je tiens à rappeler sur ce point que la formation d’autorité environnementale du CGEDD a émis un avis très positif sur la qualité de l’étude d’impact jointe au dossier de demande de permis de construire.

Le soi-disant « seul » relevé floristique « AGRESTIS » qui est mentionné sur la carte publiée sur votre site et dans les commentaires associés, correspond au point de relevé phytosociologique suivant la méthode Braun-Blanquet, permettant la qualification de l’habitat naturel (communauté d’espèces, caractéristique d’un habitat, qualifié sur la base des espèces dominantes). Ce n’est absolument pas, contrairement à ce qui est affirmé, le seul point prospecté sur la zone d’implantation potentielle du projet (secteurs sur lesquels les éléments de projet sont techniquement envisagés), pour la recherche d’espèces patrimoniales !
Les 5 espèces dont il est fait état correspondent aux espèces déterminantes, sur ce seul relevé, permettant de qualifier l’habitat naturel. Ce relevé n’a donc vocation qu’à qualifier l’habitat. Ce n’est que dans un second temps que le parcours de la zone d’implantation du projet permet de rechercher et de contacter, ou pas, les espèces qualifiées de patrimoniales. Ce parcours n’a pas permis de contacter L’Androsace pubescente (ou du Dauphiné) comme le confirme l’expertise LECA CNRS, qui conclut que les stations sont situées en dehors de la zone d’implantation du projet.

Contrairement à ce que laisse entendre votre article, nos relevés ont été réalisés en totale indépendance, sans aucune pression de quelque sorte que ce soit de la part du Maître d’ouvrage du projet. Nos bureaux d’études en environnement ne prennent pas position sur la pertinence d’un projet, au même titre que ce qui devrait être d’une expertise scientifique. Leurs prérogatives se bornent à constater les enjeux, analyser les effets du projet et proposer au Maître d’ouvrage les mesures techniques pour éviter, réduire ou compenser ces effets. »

Frédéric Aubry

Co-gérant, cabinet AGRESTIS

Note de la rédaction

Quand un cabinet mandaté par la SATA se permet de faire la leçon d’indépendance à un magazine de presse dont le seul tort est de donner la parole à des chercheurs qui contestent l’oracle de la SATA… nous ne pouvons que le regretter.

Nous suivons le dossier du 3ème tronçon du téléphérique de la Grave depuis plusieurs années. Dossier sensible dans lequel deux visions du futur du glacier de la Girose semblent s’affronter. D’un côté, la SATG, filiale de SATA Group, prévoit l’implantation d’un troisième tronçon de téléphérique avec un pylône situé sur un rognon rocheux. De l’autre, les opposants pointent le décalage entre ce projet et la nécessaire préservation de l’environnement sur l’un des derniers grands glaciers des Alpes du Sud. Sur le rognon, les études préliminaires ont été menées par Agrestis, mandaté par SATA Group. Des études lacunaires pour deux chercheurs du CNRS, Lavergne et Ibanez, qui ont constaté à nouveau la présence de l’Androsace du Dauphiné, une espèce protégée au niveau national, menacée par le projet de T3, et jusqu’ici écartée des relevés préliminaires. La divergence de résultat entre les deux études tient à la définition de la zone d’implantation du projet. Ajoutons que selon l’article L411 du code de l’environnement, le régime de protection des espèces protégées concerne non seulement les espèces elles-mêmes mais aussi leur habitat. Les associations environnementales, qui attaquent le permis de construire en justice, attendent le jugement du tribunal administratif de Marseille.