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100 sommets pour la paix

C’est un bout d’étoffe, le drapeau d’un peuple qui n’a plus de voix, d’une nation qui n’existe pas. Des drapeaux palestiniens ont été hissés sur les sommets, du Vercors à la Grande Lauzière, de l’Ubaye aux Monts d’Arrée, dans le Finistère. Cinq mois après le début du conflit entre Israël et le Hamas, alors que les bombes continuent de tomber à Gaza, « 100 sommets pour Gaza » est une manière de soutenir la population de Gaza et d’appeler à un cessez-le-feu. Hisser un drapeau  geste de « solidarité » et faut-il préciser, apolitique et « pacifiste », ça ne mange pas de pain, si ?

C’est pourtant l’écho d’une guerre effroyable, l’une des deux qui se déroulent à quatre heures d’avion d’ici. Trente mille morts, dont un tiers d’enfants. Les universités détruites, une soixantaine de professeurs d’universités tués, une centaine de journalistes tués, et maintenant la famine. Le meurtre quotidien de Gaza  se déroule sous nos yeux, et nous vivons avec ce sentiment d’impuissance partagé autour de la planète.

J’entends d’ici ceux qui vont dire, que font ces drapeaux au sommet des montagnes, foutez-leur la paix. J’entends d’ici ceux qui vont ajouter, mais pourquoi Alpine Mag parle-t-il de politique ? À la première question, je répondrai que depuis des lustres les montagnes ont été des porte-voix, des symboles sur lesquels on peut communiquer – y compris l’amour et la liberté, comme ces coeurs de lumière et d’espoir en plein Covid. La montagne n’est pas un Truman Show où s’épanouissent les Jim Carrey.

À la deuxième question, pourquoi parler de Gaza ici, je dirai simplement ceci. Pour ne pas dire qu’on ne savait pas. Que l’on ne voit pas. Les 1200 morts israéliens du massacre du 7 octobre, et depuis, la tragédie épouvantable du peuple palestinien*. Ces bouts d’étoffe qui ont flotté le temps d’une photo sur les sommets ne sont pas une appropriation, juste un rappel pour dire que chacun, en France et ailleurs, ne peut détourner le regard. Ces drapeaux-minute sont un appel citoyen pour la paix.

Ces bouts d’étoffe sur les sommets ne sont pas une appropriation, juste un rappel que chacun ne peut détourner le regard

Réalisateur de la Zone d’intérêt, portrait glaçant de la famille du commandant du camp d’Auschwitz qui fait comme si ledit camp n’existait pas, Jonathan Glazer a reçu l’Oscar du meilleur film international le 10 mars pour son oeuvre décrivant, je le cite, la pire des déshumanisations. Établissant un parallèle avec la situation actuelle, le cinéaste britannique a déclaré : « aujourd’hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui refusons que leur judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d’innocents. Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques en cours à Gaza. » Alors je dis oui à ces 100 manifestes pour la paix.

* cf l’action déposée à la Cour Internationale de Justice,