L’autre jour je lisais Sagan. Ça fait chic. Avec mon meilleur souvenir. Elle disait que celui qui n’avait jamais aimé la vitesse n’avait jamais aimé. Elle parlait des voitures pour mieux dire la vie. Dans ses mots, aller vite rejoignait le bonheur.
La vitesse, il est vrai, semble passionner les foules. Baissez-la à 80 km/h sur les routes, le peuple s’indignera ; refusez une barque d’étrangers hagards et meurtris sur vos côtes, ce rien glissera sur sa conscience.
Puis j’ai lu Kundera. Ça fait bon genre. Il disait qu’on avait perdu le goût de l’instant et que, fascinés par l’empressement, nous avions tout oublié. La vitesse puait l’oubli quand ralentir transcendait la mémoire. L’éloge de La lenteur était sa lutte.
Alors j’ai fermé les livres, j’ai regardé les gens autour et j’ai retrouvé ces deux bornes.
Il y a, d’un côté, les partisans de la très grande vitesse. À fond, pour tout, partout, tout le temps. La vie est un souffle clament-ils, peu de secondes à consentir aux respirations. Pour ces appuyeurs sur le champignon, le temps ne va jamais à la bonne vitesse, trop rapide quand il s’agit d’entreprendre, trop lent quand il s’agit d’attendre. Ils citent Mike Horn ou Bernard Tapie, tous deux sévèrement pressés. Il leur faut enchaîner, empiler, accélérer encore. Rhétorique de cadre sup, ils vous disent comme cinq heures de sommeil les contentent, ce temps de repos gâché à jamais. Ils dormiront quand ils seront morts.
Pour d’autres, ils sont déjà morts. Ce
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