Ils étaient les chanceux.
Nous avions emmené douze jeunes du Bois de Bléville au Stade de France. C’était leur endroit sacré, leurs mètres carrés de rêves. Ils avaient eu le droit de fouler la pelouse, un cadeau. Des chiens fous ; l’un avait couru au point de corner, en haut à gauche, comme à la télé, comme Manu Petit et le Zidane du jour avait marqué sans ballon d’une tête rageuse. On croyait entendre la foule. Puis un troisième était devenu Djorkaeff, corner de l’autre côté, en bas à gauche de la télé et re Zidane qui s’appelait Melvyn. 2-0. Sur le premier but, Melvyn fronça les sourcils de fureur, sur le deuxième, il esquissa un sourire de certitude. Comme son dieu Zinédine le fit cinq ans plus tôt. Tous se serraient. Ils connaissaient par cœur l’histoire de leur passion et le temps d’un calque, ils s’étaient replongés dans ce moment fondateur. Ils avaient eu, l’instant d’y croire, le droit d’être un peu leurs idoles.
Le stadier me murmura que ce n’était pas tout à fait la même pelouse qu’en 1998 et que les buts avaient été changés. Peu importe, c’était là, à cet endroit de la Terre. Qu’il est rare ce sentiment de marcher sur les traces précises des éclaireurs de vos vies. En montagne, nous avons ce bonheur à portée de mains et de répétitions.
Qu’il est rare ce sentiment de marcher sur les traces précises des éclaireurs de vos vies. En montagne, nous avons ce bonheur
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