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Et que vivent nos bonnes résolutions !

Alors ça y’est, nous y voilà. Le déconfinement est là. La fin de cette période de restriction de liberté (insupportable sur le principe), de limitation de nos sorties en montagne (supportable au regard des conditions de vie de beaucoup d’autres) et de bonnes résolutions à la chaine : mieux manger, mieux consommer, mieux se déplacer, mieux se côtoyer… A qui mieux mieux ! Il paraît qu’aujourd’hui, en changeant d’air, nous allons aussi aussi pouvoir changer d’ère. Ambitieux non ?

Alors oui, n’en jetez plus, c’est risqué ! Car l’heure est venue de mettre tout ça en application : les beaux principes, les belles paroles, les grandes trouvailles pour un monde meilleur… Fini la révolution à la maison, le grand changement dehors, c’est maintenant ! Mais il  ne faudra pas être trop pressé. Le changement prend du temps et il faut être patient et déterminé, certainement faire face aux déceptions aussi : le retour des blanches rayures dans le ciel, les ruées vers les soldes, les badges de péage qui fument, le stress de la prise de poste… Chassez le naturel, il revient au galop. Alors que faire ? Déprimer, se laisser aller à l’insoutenable légereté de l’être, foutu pour foutu ? Gueule de bois ? Peut-être pas.

Well, nobody’s perfect

C’est justement parce qu’elle sont intenables, toutes ces belles résolutions, qu’il faut mettre un point d’honneur à les entretenir modestement, patiemment. Tout cela sans jeter le bébé de nos espoirs avec l’eau de notre bain quotidien. Oser le changement par petites touches, tels des colibris des montagnes chers à Pierre Rabhi.

Et inutile de se flageller lorsqu’il faudra, forcément, prendre la voiture pour rallier Bordeaux, Paris ou Lille à Chamonix, terminus alpin d’un jour. Ou lorsque l’on craquera pour un burger dégoulinant d’aromes synthétiques après une longue journée en montagne, gourmande en calories. Well, nobody’s perfect.

il sera rafraîchissant de redécouvrir
la montagne de proximité

En revanche, on pourra prendre de temps en temps le train ou le vélo pour rejoindre le pied d’une voie ou d’un sentier. Ou mettre un morceau de duct tape sur le trou de la doudoune (aussi appelé « style grenoblois ») plutôt que d’en racheter une autre. Il sera bon aussi de vivre la montage pleinement, et y aller aussi les jours de pluie, pour « serrer dans nos bras l’entier de la montagne » comme l’écrit Lionel Daudet dans nos pages. Mieux : il sera rafraîchissant de redécouvrir la montagne de proximité, souvent vantée durant le confinement, que ce soit d’une autre manière (en grimpant, en courant, en skiant, en marchant, en spéléo, en ramassant les champignons, avec les enfants, avec mamie, sans bruit pour voir les animaux…) ou plus longtemps (même si le droit au bivouac reste incertain pour l’instant).

Sylvain Tesson disait dans son Eloge de l’énergie vagabonde : « Le capitalisme c’est la réduction de l’intervalle entre le moment où l’on achète un objet et où on le remplace. »
La bonne résolution, c’est peut-être la prolongation de l’intervalle, ce temps suspendu entre le moment où l’on décide de changer quelque chose et celui ou l’on abandonne.
Nous avons la chance d’avoir un nouveau premier jour du reste de l’année, qui pourrait bien être le premier d’autre chose, alors tâchons de faire vivre longtemps nos bonnes résolutions, quitte à naviguer encore et encore dans cet entre-deux, entre réussite immédiate et abandon prématuré. Qui sait, une bonne surprise est vite arrivée.