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Chifoumi | Jeu de main, jeu de malin

Il est une tradition en escalade, en alpinisme et ailleurs, celle du tirage au sort. Qui commence ?

Après un long, trop long temps d’approche et d’impatience, les premières difficultés sont là, à la fois excitantes et apaisantes. Enfin. Chacun s’équipe, souhaite en être, s’y coller. Alors il faut choisir celui ou celle qui commettra l’entame. Cette question se pose au sein de cordées homogènes, celles où le niveau technique des uns et des autres s’équivaut, celles où la démocratie signifie encore quelque chose. Dans d’autres groupes, la question du choix ne se pose pas, un leader autocratique, sexiste ou pourvu de toute autre qualité considère qu’il est la personne la plus à même de décider qu’il est la personne la plus à même de commencer.
Ordinairement, le tirage au sort se fait au Chifoumi, jeu de main ancestral à trois positions, pierre-feuille-ciseaux. En montagne, il s’agit d’un geste culturel. Assistez à un festival de cinéma de montagne et vous en serez convaincu, pas un film sans sa scène de Chifoumi au pied des parois. Ce jeu est très bien fichu car quelqu’un souhaitant volontairement perdre pour ne pas débuter les hostilités (il se dit que ça arrive) n’y parviendrait pas, chaque élément du triptyque procurant autant de chances de perdre que de gagner.

Ce jeu est diablement équitable sauf peut-être en cascade de glace où la moufle rend la réalisation du ciseau un tantinet inopérante.

Ne pas prolonger plus avant l’attente anxiogène, embrasser enfin l’action libératrice, laisser l’autre se