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Un espresso à la mer #2

Jibé tenait là un des aimants les plus étonnants qui soit : le prix.
Contrairement à ce que la logique suggère, la gratuité effraie là où la cherté séduit. Seize euros la demi-heure de pédalos, on ne pouvait pas être déçu, sur l’eau comme sur Terre, le prix, désormais, fait la valeur des choses.
– C’est la théorie de la basket !
Nève qui venait d’en finir avec son École de Commerce grenobloise valida cette improbable évidence.
– Notre prof de marketing nous l’a expliquée. Mets deux paires de baskets identiques en vitrine d’un magasin, l’une plus chère que l’autre et bien… la moins achetée sera la moins chère.
– Mais les gens sont cons !
– Nous sommes les gens Jibé, ne l’oublie jamais. Nous sommes les gens.
De quoi a-t-on l’air dans nos montagnes avec ces via ferrata, rochers d’escalade et autres berges de lacs offerts à qui le désire ? Malgré l’élégance de la démarche, offrir attise les soupçons. Les marchands ont raflé la mise, payer rassure, payer cher flatte. Certains voisins de l’Alpe l’ont déjà compris ; à la Cabane du Trient, le litre d’eau minérale est à dix euros et ça ne désemplit pas ; à Chamonix, le kilo de Beaufort est à vingt-cinq euros à la Coopérative, quarante au Refuge Payot, devinez où les gens se pressent ? Jibé, des rêves de don plein la tête, se résigna : « Règle n°3 : Repenser le système de gratuité à la Via Ferrata de