À la veille de la validation, ou non, de la candidature française pour l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2030, en région Auvergne-Rhône-Alpes et Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur par le CIO à Paris, nous présentons ici les résultats de notre grand sondage. Vous avez été près de 4500 à répondre à la question : « Êtes-vous pour ou contre l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en France en 2030 ? ». Votre forte participation témoigne de l’importance de cette question cruciale. Sur le fond, vous êtes 89% à avoir répondu « contre ». Si ce chiffre mérite commentaires et doit être en partie relativisé, il n’en reste pas moins l’expression d’une forte mobilisation contre les Jeux Olympiques d’hiver dans leur forme actuelle, par une majorité d’habitants des départements alpins, mais aussi bien au-delà. De quoi rappeler tout l’enjeu national d’une question qui ne peut pas être laissée aux seules prérogatives des régions candidates et au pouvoir décisionnaire de leurs présidents.
Comme nous vous l’expliquions dans notre article consacré au sondage, la démarche d’Alpine Mag avec un tel sondage est de pallier l’absence de référendum à l’échelle nationale pour ce qui concerne l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur (Sud-PACA) en 2030. Et de prendre ainsi la mesure des opinions pro ou anti Jo d’hiver 2030 parmi la population.
Comme précisé, il n’a pas la prétention de remplacer les enquêtes réalisées par les instituts de sondage qui établissent des panels de personnes sondées bien particuliers et sensés représenter l’ensemble de la population française. À notre connaissance, il n’y a pas eu de sondage de leur part sur la question des JO d’hiver de 2030. Quant à ceux évoqués par les parties prenantes de la candidature française, nous en avons montré les limites, voire les abus.
nous pensons que notre lectorat
est un ensemble représentatif
pour répondre à cette question cruciale
Répartition en pourcentage des votes. ©UL/Alpine Mag
À défaut de « panel représentatif, nous pensons que notre lectorat est un ensemble de personnes représentatif pour répondre à cette question cruciale. Pour les territoires de montagne et leur environnement, leur économie mais aussi celle du pays tout entier, tant les dépenses sont importantes, tandis que les recettes sont plus difficiles à évaluer, tant en montants sonnants et trébuchants, qu’en termes de répartition au sein de la population.
À notre niveau, ce sondage est bien celui des lecteurs d’Alpine Mag, que l’on peut qualifier sans se tromper comme des personnes sensibles à la montagne, avec une intensité allant d’amateur fréquentant la montagne occasionnellement, jusqu’à l’autre bout du spectre en tant que passionné et pratiquant régulier.
Un vote massif contre l’organisation des JO 2030
Le résultat est sans appel : 89% des votants (3958) sont contre l’organisation des JO d’hiver 2030 dans les Alpes françaises, contre 11% pour (476).
Mobilisation massive des anti-JO ? Peut-être. Elle est dans ce cas significative d’une forte réaction contre l’évènement, sur le terrain dernièrement à Albertville, et maintenant au-travers de ce sondage.
Manque de mobilisation des pro-JO ? Ils sont tout de même près de 500 à s’être exprimés en faveur de l’organisation.
Biais lié au lectorat d’Alpine Mag plutôt porté sur l’écologie et la montagne sans aménagements ? Peut-être aussi. Mais si l’on se fie à ce portrait robot de lecteur, et que l’on considère aussi qu’il est essentiellement alpin, que penser de tous ces votes bretons, lorrains ou aquitains ? Il faut croire que ce sondage a dépassé les bornes de notre lectorat régulier. Ce qui traduit l’importance de la question pour un grand nombre de Françaises et de Français.
Une participation nationale
L’autre information importante est celle d’une participation étalée sur l’ensemble du territoire. Au-delà du lectorat d’Alpine mag issu des territoires de montagne, on observe que les votants sont issues de la quasi totalité des départements français. Il n’y a que dans les deux départements corses (qui n’apparait donc pas sur nos cartes par manque d’espace), l’Indre, la Nièvre, l’Orne, la Martinique et la Guyane que l’on ne compte pas de votants. Nos excuses aux deux votants de la Réunion et de la Guadeloupe qui ont participé au sondage mais que nous n’avons pas pu inclure à la cartographie pas manque d’espace.
Il faut croire que ce sondage
a dépassé les bornes de notre lectorat régulier
Sans surprise, l’essentiel des votants se situent dans les départements alpins. À eux seuls, les départements de la Savoie, la Haute-Savoie, l’Isère et les Hautes-Alpes concentrent près de 67% des participations au sondage (3004 votes). Cela traduit bien l’engagement des habitants des territoires de montagne pour la question olympique.
En creux, c’est donc près d’un tiers de votants qui se répartit dans le reste du pays, dans les départements de Sud-PACA d’abord, puis sur le reste du territoire : plus de 150 votants en région parisienne, une grosse centaine en Occitanie, et même une cinquantaine en Pays de la Loire.
la Savoie, la Haute-Savoie,
l’Isère et les Hautes-Alpes représentent
deux tiers des participants
On sait combien les forces conservatrices de la montagne arguent souvent de leur expertise locale pour justifier leur rejet des institutions nationales contraignantes, sauf quand elle ont à y gagner économiquement, comme en temps de COVID et de subventions. Il est pourtant important de rappeler que la pratique ou la proximité avec la montagne n’offre pas une plus grande légitimité pour juger de ce qui est bon ou non pour ces espaces. En tant que bien commun qu’est la montagne, c’est l’ensemble des Françaises et des Français qui sont légitimes pour décider de l’avenir des territoires alpins du pays. La Suisse n’allait-elle pas mettre en place une votation nationale dans le cas où sa candidature avait été retenue ?
Et les pro-JO dans tout ça ?
Même s’ils ne sont qu’un peu moins de 500 à s’être exprimés pour l’organisation des JO d’hiver 2030 dans les Alpes françaises, leurs votes et leurs origines sont révélateurs. Les départements présentant le plus de votes « pour » sont ceux directement concernés par les éventuels sites olympiques évoqués dans le dossier de candidature du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), d’Annecy à Nice.
S’agit-il du souvenir persistant des JO de 1992 à Albertville, qui reste un jalon sportif globalement positif dans les mémoires et dans les nostalgies ?
Ou serait-ce alors le fantasme persistant de Jeux « structurants » pour les territoires et accélérateurs de grands projets locaux (autoroutes, stades, logements…) ?
Ou serait-ce surtout l’intérêt économique qui pousse les travailleurs du ski et de la montagne hivernale à espérer de ces JO d’hiver 2030 des retombées intéressantes ? Certainement un peu de tout ça à la fois, malgré les évolutions du climat en montagne et les chutes de neige de plus en plus incertaines, notamment à moyenne altitude.
Et maintenant ?
Ce 24 juillet 2024, le CIO validera ou non la candidature française à l’organisation des JO d’hiver 2030. Avec la dissolution de l’Assemblée Nationale, l’encore-Premier Ministre actuel, Gabriel Attal, est cantonné aux affaires dites courantes… dont ne fait pas partie la candidature françaises aux JO d’hiver 2030. Alors qu’il doit aussi compter sur la rancoeur de son Premier Ministre après sa dissolution surprise, le Président de la République doit donc aujourd’hui assurer lui-même la promotion de la candidature. À défaut de la signature du Premier Ministre, nécessaire pour la valider, c’est donc Emmanuel Macron qui participera à la commission du CIO à Paris, afin de donner la meilleure image possible de l’enthousiasme français, au plus haut niveau de l’Etat.
Le CIO validera t-il puisqu’il n’a de toutes façons
pas d’autres pays alternatifs
pour ces JO d’hiver 2030 ?
Le CIO validera t-il puisqu’il n’a de toutes façons pas d’autres pays alternatifs pour ces JO d’hiver 2030 ? Ou renverra t-il la balle en touche en repoussant sa réponse à l’automne, lorsque le pays aura enfin un gouvernement et un premier Ministre ? Ou alors dira t-il « oui mais » mettant ses conditions ? Nul ne sait, et il se dit même que les avis divergent au sein même du comité français. Tous restent suspendus à la voix du CIO. Qu’en sera t-il de la voix des Françaises et des Français dans cette histoire ?
Ce mercredi 24 juillet, aura lieu également un cycle de conférences à l’initiative du CIO et de l’Association familiale Pierre de Coubertin à Paris (mairie du 7e). Nous participerons à l’une d’entre elles intitulée » Empowering action for the environment : sustainability in sports ». Soit en traduction synthétique : comment faire des JO plus durables à l’avenir. Nous y serons pour prendre la mesure de la volonté du CIO de modifier son modèle. Et nous aurons sous le bras les résultats de notre sondage qui sont un argument de plus pour le changement.