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Oui sport

Les premiers alpinistes ignoraient qu’ils en étaient.
Ils arpentaient les parois en quête de cristaux, de chamois défiant les esprits maléfiques qui, pensaient-ils, habitaient ces hauts lieux.
Puis la drôle d’idée de gravir les montagnes pour l’unique plaisir de les gravir s’est immiscée dans la tête de quelques hurluberlus. L’alpinisme était né.
Avec lui, un sport.
Car n’en déplaise au romantisme de salon, une pratique tendue vers l’obtention d’un résultat (le sommet) nécessitant le développement de capacités physiques et l’acquisition de techniques spécifiques ressemble parfaitement à un sport. Beurk. On va se faire engueuler. Tant pis. Car depuis que l’alpinisme est né, on s’époumone à dire qu’il se tient au-delà du sport, craignant qu’il soit amputé de la noblesse ayant présidé à sa naissance et que l’on songe indispensable à sa survie.
Il a pourtant toujours été sport. Terray et Lachenal ne se gênaient pas pour évoquer avec une honnête fierté les époustouflantes 7 h 30 min nécessaires à leur ascension du Piz Badile. Et ça n’était pas grave. Et ça n’était pas sale. Et ça ne les empêchait pas d’aborder avec lyrisme les champs philosophiques d’un alpinisme heureux et signifiant.
Aujourd’hui encore. Avez-vous déjà participé à une discussion entre alpinistes ? On y abordera sans vergogne les sujets de performance, dépense énergétique, efficience gestuelle, choix de matériel, entraînement et stratégie. Tous ces vilains mots des perdants de la pensée que sont prétendument les sportifs.

L’épatant dans cette histoire est l’énergie déployée autour de l’alpinisme pour écrire, expliquer, certifier