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Moins de peur que de mal

Tu t’en souviens pas mais t’as sûrement dû te faire enlever les amygdales quand t’étais petit. On appellera ta mère une fois en bas, elle doit savoir, elle.
Ça aurait pu se terminer comme ça. La discussion.
Au sommet de la Verte, bel endroit pour une confession, Vincent vient d’expliquer à Nino qu’il ressentait une émotion bizarre depuis quelques mois, une absence d’émotion, un truc qui fiche la trouille : en montagne, il n’a plus peur. Plus du tout. Jamais. Comme une vertigineuse absence de vertiges dit-il.
Nino a joué au con, pour cela, il a des dispositions. Il a usé de sa fausse candeur et d’une blague fainéante sur les boules que Vincent n’aurait plus, oubliant ou non que la peur se loge dans une autre amygdale, du côté du lobe temporal, quelques centimètres plus haut.
Sauf si t’as la tête en bas !
Des dispositions.
Ça fait quelques temps que Vincent n’a plus peur en montagne. Il peut funambuler mille mètres de vide autour, rien. Il peut lire un bulletin nivo inquiétant, il ne s’en inquiètera pas. La veille, il dort anormalement bien. De tout ce qu’il regarde en montagne, il ne voit qu’invitations, possibles et optimismes. Ça passe. Ça le terrorise.
Il pourrait en être comblé. Ne plus avoir peur est la quête de tant d’hommes. Il pourrait le recevoir comme une offrande de l’expérience et de sa prétendue complice, la maîtrise mais il sait que dans l’étouffement de la peur se terre le