Les pratiquants de sports dangereux en nature seraient-ils, au quotidien, des gens anxieux ? Gérard Guerrier, sans l’affirmer ici, évoque cette possibilité. Car la peur ressentie en montagne, avant un premier virage en pente raide, un crux en cascade, en goulotte, déclenche des mécanismes dont on a pas forcément conscience : des remèdes ?
Jusque là , tout va bien. Une neige bien froide — normal pour un couloir exposé plein Nord — une pente régulière et des camarades enthousiastes lançant des yodles à chaque virage. Mais après 200 mètres de descente, vous arrivez au fameux goulet : une étroiture en neige dure où la pente accélère encore — 50° peut-être — avant de surplomber une barre rocheuse. Antoine, qui a oublié la corde, croit bon de prévenir : « Interdiction de tomber ! »
Une information bien superflue : votre corps a identifié le danger bien avant son avertissement : bouche sèche, mains moites, tripes nouées. Pupilles dilatées, votre regard est vissé sur le point du prochain virage. Vous êtes pétrifié de trouille !
Nous essayons d’avaler notre pain rassis-confiture, mouillé de thé à la lumière des frontales. Mais l’appétit ne vient pas.
La plupart des anthropologues s’accordent à dire que la propension à  prendre des risques pour le plaisir, et donc à faire de la pente raide, est un produit de l’évolution. Celui-ci se trouve sans doute au sommet de la fameuse pyramide des
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