À l’heure où le Groupe militaire de haute montagne (GMHM) se livre dans divers films, dont l’excellent Changabang, et vit des moments difficiles, il est bon aussi de prendre le temps de relire l’histoire passionnante de ce groupe singulier, écrite par Claude Gardien.
Il y a dans ce livre comme une double histoire. Celle du GMHM bien sûr, racontée de ses débuts, alors que le général Laurens demande à Jean-Claude Marmier de constituer un groupe militaire d’élite de l’alpinisme. On est en 1976. Avec le GMHM nait en même temps la légende du capitaine Marmier et une certaine idée de l’excellence. L’auteur était l’ami du capitaine, aussi talentueux que charismatique. C’est sous le prisme de cette histoire personnelle, de la connaissance pointue de Claude Gardien pour son histoire, ses coulisses, ses acteurs et ses coulisses que se déroulent quarante ans d’expéditions, à vocation tant alpine que scientifique. Les Muller, Lafaille, Marsigny, Profit, Escoffier pour ne citer que les « anciens » sont passés dans les rangs du « Groupe ». Preuve s’il en faut du niveau technique de ses membres.
la traversée de Darwin, en Patagonie,
fut un crux d’engagement
Les Ratel, Bonniot, Moatti ou Jourdain ne font que confirmer la règle. Léo Billon n’était pas encore du Groupe en 2016. Et l’on découvre à quel point le Shishapangma a marqué de son sceau l’histoire de ces militaires des cimes, dans les rires ou les larmes. C’était avant la disparition de Max Bonniot et Pierre Labbre. On se rend compte aussi à quel point la traversée de Darwin, en Patagonie, fut un crux d’engagement et combien, enfin, les méthodes de préparation ont évolué, intégrant de plus en plus les dimensions psychologiques d’électrons libres réunis autour d’un même noyau militaire, indivisible. Qui n’a jamais écouté l’ancien rédacteur-en-chef de Vertical conter des histoires alpines, concernant autant les sommets que les histoires de vallée, devrait retrouver le style et l’art de la formule propres à ce guide fort en plume. Ceux qui ont un jour ententu parler Claude de Jean-Claude percevront d’autant mieux la passion de ce livre parle aussi de tous les autres.