C‘est une histoire de montagne cruelle mais subtile, comme l’oeuvre qui la raconte. Publiée en 1934, la Derborence de Charles Ferdinand Ramuz raconte à sa manière un éboulement meutrier, fait divers bien réel qui toucha la vallée de la Lizerne dans le Valais, en 1714.
Tout l’art de Ramuz réside dans sa capacité à mener le lecteur vers l’inévitable tragédie au pas lent du berger, peut-être à l’image de l’un des 15 pâtres qui périrent sous les blocs des Diablerets.
on a beau prêter l’oreille,
on entend seulement qu’on n’entend rien
Le jeune bédéiste Fabien Menor s’est à la fois emparé d’une histoire mythique de la montagne suisse, mais aussi du récit d’un auteur monumental de la littérature hélvétique. Présompteux ? Menor admet qu’il ne connaissait pas le travail de Ramuz. C’est peut-être là la clé d’une interprétation graphique libérée du poids de l’imposant auteur, léger de sa propre vision du texte.
Le dessin du Genevois est à double entrée : des traits bruts pour les paysages peints à l’aide d’un vieux pinceau, des lignes plus fines et délicates à la plume pour les personnages et leurs visages. Mais une question demeure : Qui des deux est réellement le personnage principal ?
L’histoire se déroule à pas de velours. Le berger quitte sa bien aimée pour la longue estive. Le vieux berger qui l’accompagne entretient une relation étrange avec la montagne alentour, avec les rocs qui
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