Conditions du test
Courses d’alpinisme neige, mixte, rocher, en août 2020.
Alpinist de Salewa, trois montures différentes
Salewa propose son crampon Alpinist avec trois systèmes de montage différent. Il y a la version Alpinist Pro, tout automatique avec étrier rigide à l’avant et talonnière arrière. Il y a la version Alpinist Walk, avec étrier souple à l’avant et système à lanières arrière. Et enfin, cette version Alpinist Combi, avec un étrier souple à l’avant et talonnière à l’arrière : ce montage dit « semi-automatique » permet d’utiliser le crampon sur des chaussures avec débord arrière mais dépourvues de débord avant, et c’est la version que nous avons testée.
L’Alpinist est un crampon léger pour un crampon douze pointes : 830 grammes seulement sur la balance. C’est un bon point. D’autant que ce poids comprend le système anti-bottes, particulièrement efficace on le verra.
Au risque d’énoncer une évidence, nous répétons ici qu’un crampon s’essaye : si vous avez prévu de changer les vôtres, alors emmenez une de vos chaussures en magasin avant d’acheter une nouvelle paire de crampons. Il s’agit aussi de bien avoir en tête l’usage que vous allez en faire, et surtout les autres paires de chaussures susceptibles, ou non, de recevoir ces crampons. Cet été, ne sachant pas s’il serait possible de tester ces crampons sur des courses autres que mixtes avec des chaussures épaisses, j’ai choisi la polyvalence puisqu’un crampon semi-automatique, par définition, peut aussi s’adapter sur une chaussure acceptant des crampons tout-automatique.
Au fond du garage, les crampons tiennent plutôt bien, et le réglage de taille (de 235 à 330mm) est aisé, de même que le réglage micrométrique de la talonnière. La sangle de la lanière est aussi souple que l’étrier plastique avant est rigide. Le design des douze pointes est agressif, sans l’être trop. Le talon est étroitisé pour éviter les accrochages intempestifs. L’ensemble respire la qualité, et la solidité : pas de matériau (trop) léger ici, malgré le poids plus que contenu. Un autre bon point.
Une paire de crampons idéale pour les courses de neige
Sur le terrain
Sur le glacier, avec les gants – ou les doigts froids, le chaussage n’est pas toujours évident : avec un étrier plastique qui fait fixation, il s’agit pourtant de bien le caler sur l’avant de la chaussure, puis de passer la lanière qui fermera le tout. Or, l’étrier plastique de l’Alpinist Combi est si rigide qu’il ne s’adapte guère à la forme de la chaussure : il s’avère que mon 42 en LaSportiva semble trop gros pour ledit étrier. Plus embêtant, la conception de celui-ci : la lanière ne passe pas dans un trou à travers l’étrier (formant triangle avec les deux points de fixation sur l’acier), mais seulement en dessous de celui-ci : quand on met le crampon il est difficile de garder une tension dans la lanière (elle même très souple), et de la rabattre sur l’étrier. Il eût été bien préférable de garder un trou pour passer ladite lanière.
Cet étrier rend au final la mise en place du crampon pas évidente à nos yeux : c’est pourquoi, malgré les qualités de ce crampon, je conseille de choisir la version Alpinist Pro, qui, tout-automatique, résoud le problème de l’étrier avant (avec un étrier fil à la place donc). Ayant réutilisé une vieille paire de crampons à dix pointes et à lanières récemment, je comprends que les fabricants aient voulu remplacer les lanières avant par des systèmes d’étrier en plastique pour plus de solidité… mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’interface crampon/chaussure.
En neige, quelques soient les conditions rencontrées, l’Alpinist fonctionne à merveille : en neige particulièrement collante du plein été, aucun problème de bottage grâce à des anti-bottes au design en 3D bien étudié, qui repousse totalement la neige. Parfait ! Quelques sections en vrai glace ne lui font pas peur : même si après deux courses la belle peinture jaune du talon est écaillée, le crampon est stable sur la glace. On aurait même dit rassurant s’il n’y avait pas cet étrier classique à l’avant. En mixte et en rocher, les pointes avant ne donnent pas trop l’impression d’être perché. Par contre, les deuxièmes pointes sont un peu courtes, en raison d’un ajout de matière pour les trous à destination des étriers à fil (la version tout automatique partage le même sabot avant). Le talon étroitisé à l’arrière permet de descendre de face sans être gêné.
VERDICT
En résumé, ce crampon Alpinist de Salewa a tout pour plaire à l’amateur de couloirs, pentes de neige et de glace, et courses classiques. Léger avec 830g seulement, ce crampon est équipé de l’un des meilleurs systèmes anti-bottes du marché : une réussite qui est à nuancer du côté de la fixation. Avec cet étrier plastique avant pas pratique, ou potentiellement inadapté, on ne saurait trop vous conseiller d’essayer le crampon sur votre chaussure pour être sûr de son adaptabilité, ou tout simplement d’opter pour la version Alpinist Pro, tout automatique.
Caractéristiques techniques
POIDS 830 g PRIX PUBLIC : 150 € TERRAIN DE PREDILECTION : alpinisme classique et courses de neige
Ici on voit la mise en place moyenne de l’étrier avant sur la G5 LaSportiva. ©JC
Test du Salewa Alpinist sur un 4000 de Saas Fee, avec l’Alphubel en toile de fond. ©JC
L’étrier de l’Alpinist Combi.
Le sytème anti-bottes.
Dents qui protègent la barrette de réglage.
La version Alpinist Pro, que l’on conseille.