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20 mars 1987. Ben Nevis, Écosse. François Damilano en termine avec Smith Route. C’est son cinquième solo de la journée, deux mille mètres cumulés de glace et de mixte. Une journée qui pourrait combler une vie. Cet enchaînement, on en parle encore dans les pubs de Fort Williams, ceux le racontant sont suspectés d’avoir forcé sur l’orge et de rajouter une ascension à chaque version. De retour en France, à ceux désirant savoir s’il avait connu, là, son plus haut degré d’engagement, Damilano dira que celui qui a engagé le plus ce fameux 20 mars, c’est son ami, le guide Godefroy Perroux sur Slave Route : double ration de clients pour permettre à François de s’ébattre tranquillement. Une voie moins raide, une voie moins longue, oui, mais quatre vies sur sa corde, la promesse de Godefroy engageait autrement que la performance d’un homme seul, libéré du sort des autres. Lorsqu’il se mettra à écrire des topos, Damilano refusera de coter l’engagement. C’est la montagne qu’on mesure, qu’on évalue, pas ce que sont prêts à mettre les Hommes pour la gravir. 20 avril 2018. Refuge d’Argentière, France. C’est la tradition du dîner, chacun livre son projet du lendemain. La logique des gonades impose sa tonalité, les discussions rivalisent de degrés de pente, de carres aiguisées et de chutes interdites, à qui engagera le plus la viande, à qui se sortira au mieux les doigts, toute cette rhétorique indigeste et guerrière de ceux qui n’ont jamais combattu. Au beau milieu du