fbpx

Pourquoi faire une journée internationale de la montagne

Ce 11 décembre est la journée internationale de la montagne, créée par l’ONU en 2003. Je vous vois déjà hausser le sourcil. Vous vous dites, il y a des journées internationales pour sensibiliser le grand public à toutes sortes de causes, y compris à tout et n’importe quoi.

Citons la journée mondiale du rangement de bureau (24 mai), la journée mondiale du lavage de mains (15 octobre), ou encore la journée mondiale des toilettes (19 novembre). Penser une fois par an à ces thèmes peut paraître étrange, voire inquiétant, mais plus important que vous ne le pensez (plus de deux milliards d’êtres humains n’ont pas accès à des toilettes à domicile). Alors pourquoi pas une Journée internationale pour la montagne ?

Vercors, décembre 2023. ©JC

Et bien c’est l’occasion de rappeler que les montagnes jouent un rôle très important dans l’alimentation en eau douce de la moitié de la population mondiale. Les zones montagneuses et les glaciers, dont on sait la diminution due au réchauffement climatique, sont le château d’eau de la moitié des êtres humains. Un autre chiffre explique peut-être pourquoi les montagnes (et leurs problématiques) sont souvent ignorées, ou traitées sous le prisme de parcs d’attraction : seulement 15% de la population mondiale vit en montagne, et c’est une population, hors Europe, essentiellement pauvre, qui n’a pas voix au chapitre.

L’ONU a beau jeu de rappeler que « les montagnes sont des joyaux naturels que nous devons chérir » ce n’est visiblement pas le chemin choisi par ceux qui, dans les Alpes, l’aménagent encore et toujours, du nouveau Montenvers à Chamonix au giga Jandri aux 2 Alpes, ou trimballent de la neige en camion cinq jours avant qu’elle ne tombe.

« les montagnes fournissent l’eau douce nécessaire à la vie quotidienne de la moitié de l’humanité ». Source : ONU

L’ONU l’écrit noir sur blanc. « Les montagnes sont menacées par les changements climatiques, la surexploitation et la contamination, augmentant ainsi les menaces qui pèsent sur les populations et la planète. (…) Alors que le climat mondial continue de se réchauffer, la fonte des glaciers de montagne affecte l’approvisionnement en eau douce en aval ». Une menace relayée sur Alpine Mag par les spécialistes Heïdi Sevestre et Jean-Baptiste Bosson.

Jeudi dernier, à Samoëns, Xavier Cailhol présentait aux guides du Syndicat SNGM le projet Regard d’altitude, une application qui recense les évènements naturels en montagne, notamment dûs au dégel du permafrost. C’est un outil collaboratif extrêmement utile qui cartographie les risques naturels.

C’est aussi le moyen d’ouvrir les yeux sur les montagnes : un terrain de jeu pour certains, mais d’abord un vaste espace naturel et des ressources qui se transforment en accéléré.

Le thème de la journée onusienne du 11 décembre ? « Solutions de montagne pour un avenir durable – innovation, adaptation et jeunesse ». La jeunesse ? C’est la réponse à la question posée en titre. Non pas pour quoi, mais pour qui.