Après avoir traité de la place des femmes dans le milieu de la montagne sous différents aspects, y compris la maternité, il nous a semblé légitime de réfléchir à l’influence de la paternité sur la pratique des hommes. Devenir père change-t-il la façon de prendre des risques en montagne ? Certains ajustent leurs pratiques, d’autres assurent que la paternité n’altère pas leur engagement personnel ou professionnel. Entre devoirs familiaux et passion extrême, Jeff Mercier, Charles Dubouloz et Antoine Rolle se confient sur un sujet rarement abordé : la paternité en haute montagne.
Il appelle, comme prévu, pour répondre à mon interview. Et puis, probablement en voyant l’heure affichée sur sa montre, Charles Dubouloz m’annonce qu’il ne pourra pas rester longtemps au téléphone. « Je dois aller chercher ma fille ! Je suis à la bourre. Et je ne l’ai pas vue depuis deux semaines, j’ai envie de passer du temps avec elle. » On écourte l’appel et j’esquisse un sourire car son excuse est pile dans le thème de mon article : la paternité.
D’un côté, Conrad Anker (père d’adoption des trois fils de l’alpiniste Alex Lowe) se confiait sur le sujet : « Nous sommes effectivement déchirés entre le fait d’être en montagne, de réaliser nos objectifs dans la vie, et le fait d’être le membre d’une famille. Car dès que l’on grimpe et que l’on s’engage davantage dans l’alpinisme, la perte est inévitable. » Il présentait le film documentaire Torn (anglais pour « déchiré »),
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