Les américains Hilaree Nelson et Jim Morrison viennent de signer la première descente à skis intégrale du Lhotse, 8516 m. Il s’agit d’une première très convoitée, la deuxième réalisation marquante à skis en Himalaya cette année après le K2 de Bargiel.
Le ski en Himalaya a fait deux bonds de géant cette année. Après le K2 8611 mètres skié intégralement par le polonais Andrzej Bargiel cet été, c’est au tour du Lhotse d’être skié en ce début d’automne. Le Lhotse, 8516 m, présente un avantage certain aux prétendants : il est très visible de la combe Ouest, et de la voie normale népalaise de l’Everest voisin. Nombreux sont ceux à avoir skié une partie de la « Lhotse face », c’est -à-dire une portion de la pente ouest du Lhotse sous le Camp III de l’Everest en général, plus rarement au-dessus. Le quatrième sommet de la planète n’est pourtant pas simple, loin s’en faut : un couloir évident mais raide, très raide, s’immisce entre les rochers de la partie supérieure de la face ouest. C’est cette « dream line » qu’un groupe de quatre américains s’étaient mis en tête de skier, comme le raconte Adrian Ballinger, après avoir fait une tentative infructueuse au Makalu, et lors d’un vol de retour en hélicoptère, Ballinger, avec sa compagne Emily Harrington, Hilaree Nelson et Jim Morrison s’étaient décidés à revenir tenter le Lhotse et skier la Dream Line. Le choix de tenter la ligne en automne tient au fait que les précédentes tentatives, au printemps, n’ont pu bénéficié d’enneigement favorable. Les hivers himalayens sont notoirement de plus en plus secs par ailleurs. Alors que la mousson d’été apporte plus de précipitation, et de neige, sur les hauts sommets, que l’hiver. D’où l’idée de tenter le Lhotse à ski à une saison où rares sont les expéditions. Dangers d’avalanches et défi logistique (équiper l’Ice Fall pour un seul team) étaient au programme.
Comme l’explique Ballinger, le couloir du Lhoste (évident, au centre), est en principe plus enneigé à l’automne.
Guide à l’Everest et multiple summiter (dont une ascension sans oxygène), Ballinger et sa compagne Harrington ont renoncé à participer à cette tentative pour des raisons que l’on ignore, mais pas Hilaree Nelson et Jim Morrison, qui sont partis en expédition il y a quelques semaines. Après une période d’acclimatation, et surtout le franchissement et l’équipement de l’Ice Fall par les sherpas, l’équipe américaine – complétée de deux cinéastes a pu s’installer dans la combe Ouest, camp d’altitude avant la voie Everest/Lhotse. D’après le compte instagram The North Face, la cordée Morrison-Nelson a atteint le sommet du Lhotse le 30 septembre et a pu skier la Dream Line depuis le sommet. Le couloir plus la face totalisent plus de 2100 mètres de dénivelé, de 8500 à 6400 mètres environ. Le style de la descente évoque le couloir nord de la Grande Aiguille de la Bérarde pour les connaisseurs, un couloir rectiligne et relativement étroit… mais avec un départ à plus de 8500 mètres, c’était un immense défi. C’est donc sans doute une réalisation majeure, dont on vous donnera plus de détails dès le retour à la civilisation des américains.
Ceux-ci ont de remarquables ascensions et descentes à leur actif. Hilaree Nelson a déjà gravi une fois le Lhotse en 2012, et a skié le Cho Oyu, et le Makalu La au Makalu. Elle est par ailleurs « capitaine » de l’équipe d’athlètes The North Face (et remplace à ce titre Conrad Anker). Jim Morrison a quant à lui déjà fait l’Everest et le Cho Oyu. Reste à connaître les conditions dans lesquelles se sont déroulées l’ascension, l’utilisation de l’O2 entre autres. À suivre !