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Non !

Nous sommes quinze millions, soit entre un français sur quatre et un français sur cinq, à randonner. Randonner, c’est respirer l’air pur, marcher sans crainte, un acte anodin pour nous, européens, que ne connaissent plus les peuples opprimés, ouïgours ou yéménites. Randonner, c’est savourer la liberté que deux siècles d’Histoire nous ont légué.

Randonner, à pieds ou à skis, et même grimper, rouler à vélo ou surfer, la liberté d’aller et venir, fait partie de nos libertés fondamentales, une liberté bafouée par ce deuxième confinement. On ne discutera pas ici de l’intérêt scientifique, médical, de cette décision, d’autres ont déjà proposé des alternatives coûts-bénéfices (1) à cette restriction aveugle. Surtout, les scientifiques, divisés sur le Covid, sont d’accord pour dire que l’activité physique est essentielle pour l’être humain, sur les plans physique et mental, et particulièrement face à un virus : le confinement général ne montre aucune association déterminante sur la mortalité explique une étude publiée par Mediapart (2).

Face à l’obscurantisme, il faudrait défendre la liberté d’expression en restant enfermé chez soi.

Hautes-Alpes, octobre 2020. ©JC

A t-on, en haut lieu, vécu huit mois de télétravail dans certaines entreprises qui l’appliquent depuis le 15 mars, pour savoir ce que cela fait, aux « chanceux » qui en bénéficient ? A t-on imaginé, en haut lieu, ce que cette nouvelle privation de liberté ferait à tous les indépendants ou précaires qui n’ont que l’air pur et leurs semelles de vent comme promesse d’avenir ? Les cimetières sont ouverts, les librairies sont fermées : un raccourci cinglant de ce confinement absurde. C’est un air de déjà-vu, cette absence de liberté.

Face à l’obscurantisme, il faudrait défendre la liberté d’expression en restant enfermé chez soi ! Les républicains espagnols, dont le président Macron a emprunté l’expression « ils ne passeront pas » doivent se retourner dans leurs sépultures anonymes. Chaque jour qui passe de cette année 2020 met notre volonté à l’épreuve. Pourquoi nous enlever la nature, les montagnes, les lacs, ces sources d’optimisme ? Rien ne saurait les remplacer. Alexandre Jardin dénonce ce système délirant, qui ferait du citoyen qui refuse d’abdiquer sa liberté un assassin d’envergure, alors qu’ « on peut refuser cette décision d’enfermement en étant un citoyen qui regarde la liberté comme une valeur aussi haute que la sécurité (…) un citoyen républicain qui sait que la Constitution de la Ve République nous garantit des droits fondamentaux qui ne sont pas des plaisanteries mais l’héritage de longs siècles de combats ponctués de révolutions. » (3)

Allons dehors. Non à l’enfermement.

Encore une dose de tartufferie ? Les guides de haute montagne et tous les professionnels du sport ont le droit de s’entraîner en extérieur où bon leur semble (4). Je tente de suivre le raisonnement du gouvernement mais n’y arrive point : il serait nécessaire à la société que quelques milliers de privilégiés puissent bénéficier des sports de nature, tout en ayant interdiction totale de travailler (c’est le cas), ceci pendant que quinze millions de français qui n’ont pas le droit de mettre un orteil sur les sentiers doivent continuer à travailler ? 

La mesure de police est devenue la règle et la liberté l’exception. Même les chasseurs auront le droit, d’ici peu, de « prélever » les sangliers (5) ! La liberté d’aller et venir est protégée par l’article 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur laquelle est fondée notre consitution. L’invocation d’une liberté fondamentale comme le droit au respect de la vie justifie t-il que soit portée une atteinte à d’autres libertés fondamentales comme la liberté d’aller et venir ? (6)

Allons dehors. Allons randonner. Rouler, surfer (7) ! Prenons le président et ses députés « marcheurs » au mot : marchons. Marchez. Sortons dehors, à deux, cinq ou vingt kilomètres, expliquons que chacun peut aller dehors, dans le respect des mesures sanitaires et des gestes barrières, et ne va pas mettre en jeu la vie de son prochain mais bien lutter contre ce fichu virus en restant en bonne santé physique et psychologique. Partons en randonnée en gardant à l’esprit le sacrifice de plusieurs générations qui ont rendu possible le fait de vivre dans un pays libre.

Non à l’enfermement. « La liberté commence où l’ignorance finit » (Victor Hugo).

(1) Analyse sur les mesures de différenciation par âge sur le site universitaire The Conversation.

(2) La conclusion sans appel de l’étude de cinq chercheurs sur les statistiques internationales de la mortalité du Covid, à lire sur Mediapart.

(3) La tribune d’Alexandre Jardin publiée le lendemain de l’annonce présidentielle.

(4) Une annonce faite par la ministre des Sports, relayée ici par la FFME.

(5) Cf cet article.

(6) Un état de droit déstabilisé par l’état d’urgence sanitaire, voir cette analyse de l’Observatoire de la Justice Pénale du 13 mai dernier.

(7) Les surfeurs de Biarritz ont refusé le confinement le weekend-dernier, une info Sud-Ouest.