Ce n’est pas grand-chose un décoinceur. Presque rien.
Ça doit faire dans les cinquante grammes, vingt centimètres avec une tête de girafe. Ça sert assez peu. Souvent, on oublie qu’on l’a ; on peut jusqu’à oublier l’avoir oublié.
Mais un jour, la montagne décide de passer un peu de temps avec vous ; elle vous félicite d’avoir placé votre coinceur avec zèle au point d’être irrécupérable. Vous vous échinez, vous secouez le massif entier, vous consacrez un lot de crampes et de jurons à tenter de récupérer votre bien mais rien n’y fait, il a comme épousé le rocher. C’est drôle la vie, en une heure on peut faire mille kilomètres comme se figer sur dix centimètres de notre Terre. Vous vous décidez, il est venu enfin le moment d’utiliser ce petit bidule de décoinceur. Vous vous tapotez les hanches, vous cherchez sur votre baudrier ces cinquante grammes inutiles mais ils sont restés à la maison, comme toutes les futilités. Vous remuez la montagne encore une fois, sans succès. Tant pis, qu’un coinceur reste coincé obéit à une certaine forme de logique. La grimpe et la vie continuent. Puis, la fissure d’après, un deuxième se coince, puis un troisième dans la longueur suivante, c’est le côté sériel des emmerdements. Au début, vous pensez en euros et à ces chers nuts qu’il faudra remplacer. Puis c’est à l’inestimable prix de la vie que vous songez, comment sortir au sommet sans coinceurs, comment s’en sortir tout court ? L’engagement d’un coup
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