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La montagne c’est pentu !

Je ne vais pas vous mentir : je suis complètement à l’ouest. Forcément plus à Grenoble qu’au Pakistan (les géographes comprendront), depuis le Nanga Parbat (8126m) où j’ai eu la chance de passer 7 semaines, et qui fut le gros morceau de l’été. C’était bien, c’était beau, c’était très haut, et vous pourrez bientôt lire le récit de cette belle expédition avec Sophie Lavaud et François Damilano sur Alpine Mag.

Un mois de déconnexion c’est pas mal par les temps qui courent. Et grâce à un modem récalcitrant qui permettait à peine l’envoi de sms, la prise de recul n’en fut que meilleure (bon, je guettais quand même des nouvelles de Benjamin, juste de l’autre côté, versant Rupal). 

Mais autant dire que quand revient le lundi matin et son édito hebdomadaire, je suis un peu à sec. Je reprends le fil des actus d’Alpine Mag pour me mettre à la page : les forts grimpeurs brillent en compétition, les trailers vont encore plus vite et plus haut, le climat se réchauffe encore et encore et le mont Banc concentre toujours le pire et le meilleur. Tout est déjà dit. Alors quoi ?

Même quand tu sors de la tente pour pisser,
il faut te vacher.

Alors je cherche quelque chose d’original à vous raconter, une info qui vous aurait peut-être échappé, une breaking news pour vous surprendre sur votre serviette de plage, un truc qui provoque un waouh dans les chaumières et autres vans aménagés. Je me souviens qu’on a rien fait de mieux que le vécu pour être dans le vrai. Et je plonge dans mes photos.

J’en reviens forcément au Nanga Parbat, puisque ce fut mon seul horizon plusieurs semaines durant, horizon du paysage mais aussi de mes remues-méninges. Allez, je vous lâche le morceau : le Nanga c’est pentu. 

Mais oui ! La montagne, cette montagne en particulier, est décidément, terriblement, incontestablement raide, de partout ! Et c’est important de le rappeler : gravir un 8000 ne relève pas uniquement de la randonnée à haute altitude. Que nenni. Ici, point de replat ou de répit. Ça monte toujours, ça penche en permanence. Et même quand tu sors de la tente pour pisser, il faut te vacher.

C’est tout simplement beau non ?

Banal rétorqueront les alpinistes de haut-niveau (qui jouent dans une autre catégorie, et soit dit au passage, n’ont pas grand chose à faire sur les voies normales des 8000, on en reparlera). Et oui, le tout est équipé de cordes fixes, mais qui a déjà mulé dessus avec son jumar sait que ça ne relève pas la pente ! La verticalité du Nanga Parbat est unique dans le paysage des 14, et ça mérite d’être montré.

Voilà donc un édito-photo avec cette image du camp 2, à 6050m, qui se tient en équilibre instable sur une arête diablement effilée. Repérez la trace : elle plonge droit et se perd dans le dièdre final du mur Kinshofer. C’est tout simplement beau non ? Et ça permet de sortir un peu de nos débats d’initiés pour se laisser porter par l’esthétique du lieu, sans plus de détails techniques.
Et si c’était ça aussi l’alpinisme ? 

 

* Le titre de cet édito est un clin d’oeil à Pierre Chapoutot et son livre « La montagne c’est pointu » (Guérin, 1997).