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Gendarmes partout, rebloch’ nulle part

On pourrait en rire si tout ça n’était pas ce qu’il y a de plus sérieux en ce moment.
Samedi dernier, un ensemble de collectifs et d’associations s’était donné rendez-vous au col de la Croix Fry, entre Manigod et La Clusaz, pour une « rando-manif festive suivi d’un repas partagé » contre le projet de retenue collinaire sur le plateau de Beauregard (La Clusaz). Selon eux, les objectifs d’approvisionnement en eau potable de la commune sont un prétexte à la fuite en avant vers le tout ski et le renforcement des réserves d’eau pour la neige de culture.
500 personnes selon les organisateurs, 300 selon les autorités.
Pour une fois, elles auraient dû maximiser.

Les forces de gendarmerie mobilisées autour de la retenue collinaire de l’Etale. ©DR

Il faut dire qu’avec 150 gendarmes mobilisés, cela fait un agent pour deux randonneurs-manifestants. Un ratio nécessaire selon Thomas Fauconnier, le secrétaire général de la préfecture de Haute-Savoie qui explique chez nos collègues de France 3 Alpes : « L’objet de ce dispositif, c’est d’assurer la sécurité des manifestants ». Il faut croire que le danger était gigantesque. Plus encore que lors d’un Real Madrid – Liverpool au Stade de France en mai dernier, puisqu’avec 80 000 spectateurs, la rencontre de foot n’avait mobilisé « que » 6800 policiers (soit un pour 11 spectateurs). 

A voir les familles avec enfants, jeunes aux cheveux longs et autres vieux terroristes écologistes, la menace en montagne était peut-être sur-estimée. 

Ironie de l’histoire, l’émissaire de la préfecture ajoute un lapsus savoureux en invoquant « la libre exception » (au lieu de la libre expression). Exception dans le déploiement de moyens surdimensionnés sans aucun doute.

Triste gueuleton

Il faut croire que l’établissement d’une ZAD pendant quinze jours à l’automne dernier sur le plateau de Beauregard a laissé des traces chez le Préfet de Haute-Savoie. A moins que ce ne soit le pic-nic préparé par les rando-manifestants qui ait posé problème en raison de tous ces dangereux Opinel, confisqués par les gendarmes aux nombreux barrages filtrants. Pas sympa d’obliger les gens à couper le Reblochon à la cuillère. Certaines adeptes de la salade de riz rapportent même s’être fait confisquer leurs fourchettes. Triste gueuleton.

Le psig, équivalent du RAID de la Police,
intervenait sur le théâtre des opérations de la Croix Fry

On apprend par ailleurs sur le site de la gendarmerie que le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG), équivalent du RAID de la Police, qui intervenait sur le théâtre des opérations de la Croix Fry, « exerce une surveillance orientée vers les zones considérées comme sensibles et vers les lieux où est constatée une recrudescence de faits délictueux ». La Croix Fry tout craché. 

Plus sérieusement, cette triste réaction des pouvoirs publics, et du préfet en particulier, en dit long sur sa manière d’en écarter toute contestation ou même discussion bienveillante voire bucolique et bon-enfant. Ce qui est contre-productif et pourrait même cristalliser, voire radicaliser, aux yeux de l’opinion les différentes parties (l’autorité violente, les aménageurs peu scrupuleux, les écologistes radicaux etc).
Malheureusment, cette manière de faire est à l’image de la façon dont le projet a été mené, concerté, approuvé : en force.