fbpx

Escalade : Symon Welfringer réussit Voyage, voie extrême en trad

Le Voyage E10/7a (8b+ trad)

Symon Welfringer ©Marc Daviet/Millet

Symon Welfringer s’éclate dans tous les domaines : l’alpiniste et grand amateur d’expés lointaines vient de signer la première française de Voyage E10/7a (8b+ trad) à Annot (Provence-Alpes-Côte d’Azur), la voie en escalade traditionnelle considérée la plus dure de France. Traduisez : un 8b+ sur coinceurs aux placements lointains. Ce n’était pas gagné d’avance, mais avec le muscle le plus utile du grimpeur – le cerveau – tout est possible. 

Symon Welfringer n’est pas qu’un alpiniste Piolet d’or-isé, il aime l’escalade difficile, très difficile. Il aime aussi l’aventure… et en juin dernier, il cochait les grandes voies les plus difficiles de Corse. Il y a quelques jours, c’est la voie Voyage E10/7a (8b+ trad) qu’il réalisait. La voie en escalade traditionnelle la plus dure de France, rien que ça. Comme l’a dit Marc Daviet, le photographe du projet, “grimper sur une face vierge sans protections est toujours une activité stressante et intense” Mais Symon l’a réalisé, avouant avoir peur à chaque mouvement ;  “pas forcément de la chute, mais cette sensation si particulière aux voies en trad, on lève la tête et rien ne dépasse, pas de dégaines, pas de spits, seulement une fissure évasée, des petits trous pofés, on se sent bien seul.« 

Symon Welfringer en pleine préparation. ©M. Daviet

©Marc Daviet

Le premier essai en posant les protections me fait vite déchanter,
la tension est palpable à chaque mouvement.

 

 

Sur son compte Instagram, Symon raconte qu’une telle voie est pour lui “la définition pour moi de la beauté de l’escalade : une ligne pure suivant les aspérités naturelles sur 45 m, un mur vierge de tout artifices et la nécessité de placer soi-même toutes les protections, plus ou moins solides. Le tout sur un rocher d’une qualité exceptionnelle avec des mouvements incroyables.” Soit un rêve, une grande émotion.  

Il est rapidement largement félicité par le monde de la montagne : Once Upon a Climb (James Pearson & Caroline Ciavaldini) « Bravo !!! Et super bien raconté, ça donne envie d aller y remettre les doigts… et en effet, la chute sur le petit câblé n est pas mythique, je l avais prise et j ai réussi à casser la tige en métal du half nut! Heureusement j’ avais d autres protections pas si loin, mais je n en croyais pas mes yeux! », Charles DuboulozTellement en forrrrrrme!!! ??? Bravo mon Sym, continue de tout broyer sur ton passage”, Matteo Della Bordella “ Grande Symon ???” ou encore Paul JenftDément ?”.

Symon dans la sortie de la voie Voyage E10/7a (8b+ trad). ©Marc Daviet

Si Symon définit les alentours de la voie de “glauque”, la voie ouverte par James Pearson et qui reste assez méconnue et très peu répétée tente Symon en cette fin d’hiver : “Le premier essai en posant les protections me fait vite déchanter, la tension est palpable à chaque mouvement. […] Je n’arrive pas à grimper relâcher et à 3 reprises je tombe dans la section dure du milieu. J’avais refait la section en moulinette et elle m’avait parue plutôt facile, je ne voyais plus la difficulté. Mais avec mes premiers essais en tête, je me suis vite rendu compte que le vrai enchaînement était bien au-delà de faire un 8b+ classique, gérer la pose des protections en plus des repos et du rythme à mettre dans les sections dures, il faut une sacrée marge pour enchaîner. »

Tout se déroule comme prévu, gainé et précis,
je me rue sur le bac avec un cri victorieux.

J’essaie de garder espoir en me disant que « au pire je reviens le weekend prochain », la météo annoncée est désastreuse, c’est aujourd’hui ou pas avant bien longtemps. Comme si je ne stressais pas déjà assez comme ça.” Malgré un manque de confiance et des sensations “horribles” lors du premier essai, “étrangement, plus je monte dans la voie, plus je me déleste des quelques coinceurs de mon baudrier, plus je me sens bien, plus je me sens libéré. Dans la section crux, tout se déroule comme prévu, gainé et précis, je me rue sur le bac avec un cri victorieux. »

L’enchaînement se fera finalement, et il signera la première française de ce Voyage. Et ça y est, le relais me tend les bras, une joie immense s’empare de moi, je lâche mon stress, ma peur. Je suis heureux.” Et nous aussi ! 

Remarque : la voie a été défrichée, brossée et imaginée par Lionel Catsoyannis en 2011 lors d’un rassemblement Trad Annot. Le premier enchaînement a été réalisé par le Britannique James Pearson.